Cet été, j’ai organisé, avec Olivier de Conihout, Fondateur et Directeur Général de L’Espace Dirigeants, un voyage à New York et à San Francisco. Dans de précédents articles, j’évoquais notamment la démesure, la professionnalisation de l’innovation, le capitalisme de la loterie et les rapports entre l’Homme et la Machine. Aujourd’hui, je parle du futur du travail et du modèle de production distribué – un sujet dont j’avais d’ailleurs déjà parlé avec Ludovic Le Moan, CEO et co-fondateur de Sigfox.
Stéphane Kasriel chez UpWork
Dirigeant technologique à la tête du plus grand site web de freelance, Upwork (Nasdaq : $ UPWK) jusqu’en décembre 2019 Stéphane est CEO d’entreprises innovantes réputées. Technophile avec 15 brevets pour des technologies du web, fondateur de deux sociétés, et ancien cadre chez PayPal, Stéphane est diplômé du MBA de l’INSEAD, d’un MS en informatique de Stanford et d’un BS de l’École Polytechnique en France.
Upwork est le plus grand site web de freelance au monde avec un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de dollars en 2019. Plus de 5 millions d’entreprises et 12 millions de travailleurs indépendants ont fait appel à Upwork.com pour embaucher et travailler en ligne. Alors qu’une main-d’œuvre de plus en plus connectée et indépendante se connecte en ligne, le travail de la connaissance — comme les logiciels, les achats et les contenus qui l’ont précédé — se déplace également en ligne. Ce changement permet aux entreprises de se connecter et de travailler plus rapidement avec les talents et libère les professionnels du monde entier de l’obligation de travailler à un moment et à un endroit précis.
Mon expérience personnelle avec UpWork
UpWork aide les entreprises à trouver des indépendants de manière rapide, en moins de 24 heures après l’expression de leurs besoins. Moi-même, je suis un utilisateur régulier de cette plateforme. Et laissez-moi vous raconter une histoire récente. Suite à un certain nombre de projets, j’ai compris qu’il fallait que j’acquière davantage de connaissance en matière de traitement automatique du langage ce que l’on appelle en anglais le NLP. Alors, comme souvent, je me suis tourné vers mon réseau pour voir si je pourrais trouver l’expertise requise. Figurez-vous que seulement quelques jours plus tard, j’ai croisé le patron Europe du traitement automatisé du langage d’une grande entreprise de services informatiques, reconnue mondialement avec une présence dans plus de 100 pays. Je souhaitais engager la discussion avec lui tout de go mais la directrice de la communication nous a fait rentrer dans un process balisé si bien que notre échange fut reporté d’un mois. Par conséquent, je n’avais pas accès à l’expertise dont j’avais besoin au moment idoine. Je me suis donc tourné vers UpWork où j’ai :
Identifié mes « inputs » nécessaires à un projet de traitement automatique du langage
- Présenté un planning de projet
- Estimé des coûts
- Caractérisé des résultats attendus
J’ai identifié trois experts du traitement automatique du langage dans trois pays différents et je les ai rémunérés pour qu’ils me fassent une proposition commerciale pour présenter le projet dont je leur avais parlé.
Cette démarche m’a été très utile pour plusieurs raisons :
- D’une part, pour élucider un seul et même enjeu, j’ai bénéficié de plusieurs regards distincts et je me suis rendu compte d’un certain nombre de points communs entre les opinions de chacun. Cela m’a permis de mieux évaluer les éléments indispensables au bon fonctionnement du projet. En outre, cela m’a également aidé à identifier les éventuels risques d’exécution. Je dois dire que c’est la première fois que je tire parti ainsi de trois convictions sur un sujet relativement pointu.
- D’autre part, j’ai obtenu ces avis d’experts en un temps record. Il m’a fallu de l’ordre de deux jours pour choisir les profils les plus pertinents. Et j’ai identifié donc les trois ingénieurs parmi un ensemble d’une vingtaine ce qui permet de se faire à l’idée de la sélectivité dont on peut bénéficier sur la plateforme.
Voici comment UpWork esquisse une nouvelle forme de travail ou les forces de production sont distribuées géographiquement plutôt que concentrer en un même endroit physique.
La question de la communication est déterminante pour réussir dans le modèle de production distribué
Bien évidemment, une telle distribution géographique des forces de production requiert un effort considérable de communication. Pour cela, à titre personnel, je recours systématiquement à une présentation vidéo pour expliquer en détail la nature du projet que je souhaite voir réaliser. Autrement dit, je ne me limite pas à des e-mails, des documents Word, Excel ou PowerPoint. Et puis ensuite, la plateforme propose un certain nombre d’outils de communication intégré : Skype, Dropbox, et un chat, parmi d’autres.
Allouer sa force de production dans les géographies les plus prometteuses
Réza Malekzadeh, General Partner chez Partech Ventures, nous a également expliqué que les salaires élevés qui prédominent en Californie changent la géographie du travail et l’allocation des ressources. Ainsi, autrefois, Facebook avait déménagé sa R&D en Californie pour pouvoir bénéficier de l’omniprésence des ingénieurs qu’on y trouve. Mais aujourd’hui, avec l’élection de Donald Trump, et la restriction du nombre de visas accordés, déplacer ses équipes de recherche et développement n’a plus beaucoup de sens. D’abord parce qu’obtenir un visa de travail est difficile. Ensuite parce que les salaires sont élevés. Et puis finalement, selon Marvin Lia, investisseur « early stage », on trouve une pléthore de talents en dehors de la Silicon Valley. Il nous a parlé de l’Utah au centre des États-Unis, d’Atlanta dans la côte Est, du Canada, mais aussi de l’Ukraine et de l’Estonie.
En vérité, s’il faut s’implanter en Californie, c’est pour y mettre le fondateur de la startup pour qu’il cherche de nouveaux investisseurs ou de potentiels acquéreurs. On peut également placer en Californie les équipes de business développement qui pourront évoluer dans un marché sophistiqué.
Dans le futur, chacun fera ce dans quoi il est le meilleur
De manière générale, si je me réfère aux convictions de Fabrice Grinda, le futur du travail consiste à ce que chacun fasse ce pour ce dans quoi il est le meilleur. Tout ce qui tourne autour de son activité, que ce soit l’administratif, la facturation et l’identification de collaborateurs est externalisé. Le futur du travail, selon Fabrice Grinda, est une ultra spécialisation dans ses propres domaines d’excellence. Car, pour tous les autres, on peut s’appuyer sur les technologies digitales pour dénicher des ressources au meilleur prix. Là où Stéphane et Réza insistent sur la redistribution géographique du travail, Fabrice évoque davantage la redistribution selon une logique de compétences.
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