Avec Olivier de Conihout, le co-fondateur et Directeur Général de L’Espace Dirigeants, j’organise un voyage à New York et dans la Silicon Valley. Nous organisons également un cycle de conférences où les innovateurs sont à l’honneur. Récemment, nous recevions Pierre Le Blainvaux, cofondateur TechnoFounders, un startup studio dont l’originalité tient à son positionnement technologique. Pierre nous a parlé de ce qu’est qu’un startup studio, des avantages et des inconvénients de ce modèle d’innovation, de son portefeuille de startups, du financement d’un startup studio et du déploiement de son capital.
I/ Présentation de Pierre Le Blainvaux, cofondateur de TechnoFounders
Diplômé de polytechnique, Pierre s’est également formé à Columbia avant de démarrer sa carrière chez McKinsey. Après cela, ils confondent avec son frère jumeau, TechnoFounders, un startup studio tout à fait original.
II/ Qu’est-ce qu’un startup studio ?
Le startup studio n’est ni un incubateur, ni un accélérateur, ni une entreprise de capital-risque. Pour comprendre la spécificité du startup studio, on peut d’abord chercher à le distinguer d’autres modèles d’innovation comme celui du capital-risque, de l’incubateur, ou de l’accélérateur.
- À la différence du premier, un startup studio se perçoit comme un « cofondateur » et s’implique de manière opérationnelle dans le quotidien.
- À la différence des seconds, un startup studio ne se rémunère pas sur les loyers qu’un entrepreneur pourrait régler pour utiliser un bureau.
En vérité, un startup studio est une boîte qui crée des boîtes. Détenant entre 20 et 80 % du capital, il prend le rôle de président du conseil d’administration tandis que l’entrepreneur est nommé directeur général. À l’inverse d’une entreprise de capital-risque, le startup studio ne se fixe pas un horizon de temps de cinq ou sept ans avec un objectif d’exit. En qualité de cofondateur, le startup studio vend ses parts lorsque l’entrepreneur cofondateur prévoit, lui aussi de céder les siennes.
III/ Avantages et inconvénients du startup studio pour les investisseurs institutionnels
Pour l’investisseur institutionnel — Family office, BPI, Business Angel ou grande entreprise industrielle — opter pour un startup studio plutôt qu’une entreprise de capital-risque présente à la fois des avantages et des inconvénients.
- Du point de vue des avantages, choisir un startup studio permet de travailler directement avec le monde entrepreneurial.
- Du point de vue des inconvénients, jeter son dévolu sur un startup studio, c’est rendre une partie de ses actifs illiquides. Les capitaux, consacrés au développement de la startup, sont alloués pendant de nombreuses années. Pierre m’indique d’ailleurs qu’investir dans un startup studio s’avère moins liquide que le capital-risque.
IV/ L’originalité de TechnoFounders : utiliser la technologie pour créer des fortes barrières à l’entrée
Mais, ce qui rend TechnoFounders encore plus originale, c’est son positionnement. Car, celui-ci ne vise que les projets technologiques ou la barrière à l’entrée demeure très élevée. Ainsi, Pierre travaille principalement avec le monde de la recherche : l’INRIA, le CEA, et les sociétés d’accélération de transfert technologique (SATT), parmi d’autres.
Ses partenaires lui apportent une expertise technologique très pointue, des compétences rares, un savoir scientifique avéré. Mais, ces derniers manquent encore de connaissances entrepreneuriales, d’études de marché et de business développement. C’est là que l’alliance entre startups studio et centres de recherche trouve sa justification et son potentiel. Le monde de la recherche s’articule à celui de l’économie.
Bien évidemment, depuis très longtemps chacun veut encourager les chercheurs à créer leur propre structure. Telle est d’ailleurs l’une des fonctions des sociétés d’accélération de transfert technologique (SATT). Mais, la transformation d’une découverte scientifique en un produit commercialisable s’avère sans doute plus difficile que ce qu’on pourrait croire, a priori. J’en discutais récemment avec Olivier Ezratty, un consultant en innovation et blogueur réputé. Il m’informait que bon nombre de startups issues des laboratoires de recherche ne dépassent pas le cap des trois ans.
V/ Les startups du portefeuille de TechnoFounders
Cerbair : solution anti-drone complète
DiGEiZ apporte aux centres commerciaux une solution d’analyse et de valorisation des flux visiteurs. Fonctionnant en surcouche de Deep Learning sur les caméras de vidéoprotection, la solution fonctionne en temps réel et est conforme au RGPD.
UVBOOSTING : La solution alternative de protection des cultures par stimulation des défenses des plantes par flash UV
SPINOFRIN : Solutions de submicronisation
StimuLi : La solution TENS 2.0 de traitement du syndrome de vessie hyperactive
NEOFARM : Des outils pour le maraichage de demain !
VI/ Le financement d’un startup studio comme TechnoFounders donne une place importante aux acteurs privés
À ce stade, le studio a levé 30 millions d’euros :
- Un tiers des sommes provient de Business Angel
- Un tiers de la banque publique d’investissement (BPI)
- Un tiers des Family Office.
Sur les 30 millions d’euros que la startup studio a levés, 10 millions ont été déployés. Les investissements en capitaux sont également l’occasion d’associer de nouveaux investisseurs autour de tables des startups. In fine, pour un euro de fonds publics investis, on trouve six euros qui proviennent de fonds privés.
En effet, les 10 millions déployés se décomposent ainsi :
- Trois septièmes proviennent de Business Angel
- Trois septièmes proviennent de Family office
- Un septième provient de la BPI
Il s’agit là d’un élément très important selon Pierre. Car, l’opinion commune voudrait qu’on ne puisse pas financer des projets d’innovation de rupture sans fonds publics. Or, ce n’est pas vrai. La condition à satisfaire pour soutenir de tels projets tient à la rentabilité du projet, quelle que soit sa sophistication technologique. Or, les fonds privés se détournent des projets ou la perspective de gains paraît incertaine ou trop éloignée. Ainsi, le financement d’un startup studio comme TechnoFouders s’appuie majoritairement sur les acteurs privés.
[…] liste des 11 startups studios émergents en France, parmi lesquels on trouve notamment AdVentures, Technofounders et […]