La Machine dominera-t-elle l’Homme un jour ?

Voici une question qui intrigue les prospectivistes, les futurologues, les transhumanistes depuis bien longtemps ; les progrès spectaculaires de l’intelligence artificielle en font désormais un enjeu incontournable.

Le jour où la Machine domine l’Homme se rapproche

Ci-dessous les projections Kevin Drum, expert en la matière

Ray Kurzweil et Laurent Alexandre défendent la thèse que d’ici un horizon temporel relativement proche — 2040 ou 2060 — l’intelligence artificielle, s’appuyant sur une puissance de calcul qui connaît une croissance exponentielle depuis 1900, devrait surpasser l’intelligence humaine. 

Au moment où l’intelligence artificielle dépasse les performances de l’intelligence des hommes, alors, on atteint un point de singularité ou le cours des événements humain devient inconcevable par l’esprit humain. En quelque sorte, la destinée humaine échappe aux hommes. Car, la machine domestique l’homme un peu comme nous avons nous-mêmes domestiqué des animaux de compagnie comme les chiens et les chats. Pour garder le contrôle de notre propre avenir, les transhumanistes souhaitent combiner l’intelligence humaine avec celle de la machine — à l’image du projet Neuralink d’Elon Musk. Voilà qui donne lieu à nouveau moment de l’évolution humaine. Nous passons d’Homo Sapiens Sapiens à une nouvelle forme d’hominidé. Il s’agit là de l’idée centrale de ce qu’on appelle le transhumanisme.

Mais, selon l’inventeur de Siri, la machine intelligente n’existera… jamais ! 

Quelle ne fut ma surprise lorsque Luc Julia, inventeur de Siri, et directeur de l’intelligence artificielle chez Samsung, nous a expliqué que, en réalité, l’intelligence artificielle n’existe pas. Voilà une thèse qui lui tient à cœur. Il en a d’ailleurs fait un livre. Pour résumer l’idée en quelques mots : l’IA n’est que l’outil de l’être humain. La machine ne fait qu’amplifier, augmenter, l’intention de son programmateur humain. 

L’exemple du marteau

Par exemple, si l’on souhaite décupler sa force physique notamment pour enfoncer un clou, nous nous équipons d’un marteau lequel ne permet de concentrer notre force en un point encore plus précis et d’exercer une pression maximale sur le clou. Mais, jamais nous ne pourrions dire que le marteau est lui-même doté d’une quelconque force physique. En vérité, il ne fait qu’amplifier notre propre force physique.

Il en est de même pour l’intelligence artificielle. Celle-ci n’est capable que de mettre en œuvre les ordres d’un programmateur humain. De ce point de vue, si le programmateur oublie quelques circonstances particulières dans lesquelles il faudrait agir de telle ou telle façon, la machine ne peut plus exécuter quelques ordres que ce soit. Ceci montre bien qu’elle n’est pourvue, d’elle-même, d’aucun discernement, d’aucune décision indépendante, et d’aucune faculté intellectuelle singulière. La machine excelle à mettre en œuvre son programme. Mais dès que la réalité, complexe et imprévisible, s’écarte de ces quelques circonstances convenues alors, la machine est perdue.

L’exemple de la voiture autonome

Voici un exemple : on programme une voiture autonome pour la conduite sur autoroute. La route est dégagée et l’automobile autonome conduit très bien. Mais voici que soudainement, elle s’arrête. Et puis, ensuite elle redémarre, parcours quelques mètres et s’arrête de nouveau. Et la voici qui redémarre à nouveau, parcours quelques mètres encore avant de s’arrêter de nouveau. Et ainsi de suite… Pourquoi la voiture a-t-elle un tel comportement ? La route est pourtant dégagée. On ne trouve aucun véhicule ni devant ni derrière. En vérité, les décisions de la machine, qui paraissent loufoques, restent rationnelles et conformes à son programme informatique. Car, sur la bordure de l’autoroute, on aperçoit un ouvrier qui se promène avec un panneau-stop qu’il tient sur ses épaules. Voilà pourquoi la voiture autonome avance arrête et ainsi de suite.

La machine parvient certes à battre les champions du monde d’échècs et du jeu de Go, mais elle ne « comprend » pas ce qu’elle fait…

L’idée la plus importante de Luc Julia consiste à dire que l’intelligence artificielle n’est capable de faire que ce pour quoi elle fut programmée et absolument rien d’autre. À titre d’exemple, l’intelligence artificielle a battu Garry Kasparov aux échecs puis Lee Sedol au jeu de Go. Mais il s’agit à chaque fois d’un programme informatique différent et particulier. 

La différence fondamentale entre intelligence humaine et l’intelligence artificielle

Ces programmes informatiques ont en effet excellé dans leurs domaines respectifs mais il serait totalement incapable de faire des opérations très simples pour l’esprit humain comme marcher, se déplacer, courir, discuter, apprendre une nouvelle langue parmi autre chose encore.

Voilà donc la distinction fondamentale entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle. Là où l’intelligence humaine ne parvient à apprendre une infinie de sujets dans une variété de circonstances également infinies, l’intelligence artificielle ne sait qu’exécuter des règles pour lesquelles elle fut expressément programmée. Un point c’est tout.

Voilà donc pourquoi l’intelligence artificielle ne surpassera jamais l’intelligence humaine.