Qu’est-ce qu’un startup studio ? Voici une question que j’ai abordée avec Sergine Dupuy, Présidente de RedPill, un startup studio parisien.
Les limites du conseil en innovation
Le métier de consultant en innovation présente plusieurs particularités :
D’une part, même s’il se passionne pour son métier et ses projets, la nécessité économique l’entraîne à favoriser des projets dont il sait qu’ils donneront lieu à une suite, quel que soit leur véritable potentiel de création de valeur. Il reste donc dépendant du besoin de ses clients.
D’autre part, comme l’essentiel du métier de consultant reste une fonction de production, celui-ci n’est pas toujours présent au moment où le client évalue le retour sur investissement global de l’innovation ainsi qu’aux moments où les décisions budgétaires sont prises, notamment lorsqu’il s’agit d’effectuer des arbitrages entre l’innovation ou d’autres priorités tels que l’excellence opérationnelle, les fusions/acquisition ou des projets de transformation digitale.
Autrement dit, le consultant en innovation paraît absent à des moments déterminants pour le financement d’innovation. C’est pourquoi Sergine a imaginé un nouveau modèle : celui du startup studio, RedPill.
Le startup studio RedPill
Aujourd’hui, le startup studio RedPill met en avant plusieurs offres : la création de startups pour son propre compte et la création de startups pour de grandes entreprises industrielles.
RedPill, une « boîte qui crée des boîtes »
D’une part, comme d’autres startups studio, RedPill ambitionne d’être une startup qui fabrique d’autres startups. RedPill procède en plus étapes :
- Idéation interne,
- Proof of Concept (PoC) et,
- Minimum Viable Product (MVP),
- Création d’une startup.
Ce process s’appuie sur les collaborateurs du startup studio, en particulier, le pôle talent, stratégie, « growth hacking » et de développement technologique.
RedPill se donne ensuite une période de 12 à 18 mois pour constituer le management de la startup en trouvant notamment un PDG, un directeur technique, et un directeur du développement et de la croissance (« Growth Hacking Director »). Puis, RedPill cède une partie de ses parts au profit des managers de la stratup de sorte que ceux-ci aient progressivement la majorité des parts (au moment des séries A). De manière générale, Sergine préconise d’abord de générer du chiffre d’affaires avant de lever de l’argent. C’est en tous cas comme que cela que le startup studio a conçu et lancé ses business. Ces derniers sont déjà générateurs de revenus (B2B et B2C) avant que des investissements extérieurs ne soient sollicités.
Quoi qu’il en soit, les dirigeants de la startup cherchent ensuite à lever de l’argent en série A. Les investisseurs peuvent donc acquérir de l’ordre de 50 % des parts de la startup. C’est ainsi que le startup studio parvient à passer de l’idée à la startup financée de Serie A.
BeeBoss et Quidol : deux exemples de startups
Selon cette méthode, le startup studio a créé plusieurs startups, notamment BeeBoss et Quidol. BeeBoss est une solution de services collaboratifs à destination des entreprises. Le cœur de BeeBoss est une plateforme technologique permettant de mettre en relation l’offre et la demande de services en temps réel, d’administrer les missions et les ressources ainsi que de gérer les aspects juridiques et administratifs complexes du travail Auto-entrepreneur, freelance, ou en provenance des microentreprises.
Quidol est la startup que RedPill a lancée en mars dernier. C’est une chaine de divertissement live sur mobile. Au démarrage un show live quotidien de 15 minutes, sous la forme de quizz à 11 questions, avec un reward de 1000 euros à la clé, pour les gagnants ; aujourd’hui une grille des programmes plus élargie, de nombreux formats d’interactions proposés pour de multiples occasions d’engagement par jour. Quidol a aujourd’hui 240 k utilisateurs, plusieurs dizaines de milliers de sessions actives par jour et de plus en plus de partenaires qui engagent l’audience dans le cadre d’émissions co-brandées. (La Fnac sur des émissions spéciales Musique, Ciné ou Jeux Video, ou Carrefour sur des émissions spéciales Food).
RedPill, une entreprise qui crée des entreprises pour d’autres entreprises
D’autre part, la startup studio peut également servir de laboratoire d’innovation pour ses grands clients industriels. Il s’agit en quelque sorte d’une sorte d’innovation externalisée, incubée au sein RedPill. Les projets d’innovation suivent à un peu près le même processus. Mais ce qui est entendu c’est que les parts de la startup. Dans ce cas-là, la grande entreprise industrielle achète un service d’innovation auprès du startup studio. Celui-ci développe des projets d’innovation selon le processus décrit ci-dessus : Idéation, PoC, MVP. Puis, lorsqu’il s’agit de créer la société, il est entendu que RedPill en détient une part allant de 20 % à 50 %.
En outre, les éventuelles conditions de rachat de la startup par la grande entreprise sont précisées. Celles-ci sont d’ailleurs toujours un multiple de l’EBITDA. Selon cette méthode, la startup studio a créé RelevanC avec Casino. Cette startup vise à agréger, collecter, consolider et interpréter l’ensemble des données de consommation des clients de Casino, soit de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’individus en France. Le PDG de Casino a souhaité internaliser ce projet d’innovation et s’est donc porté acquéreur de 30 % des parts de RedPill.
Avec M6, RedPill a créé Wizzup. Avec la Française des jeux et Webedia, RedPill a fondé The Game qui s’adresse prioritairement à la génération des millennials.
Minimiser le risque d’investissement
De manière générale, il semble que le taux d’échec des startups studio paraît relativement bas : pas plus de 20 %. L’intérêt principal d’un startup studio consiste à minimiser le nombre de startups qui échouent. En 2019, RedPill cherche à créer de l’ordre de deux à trois startups par année. À plus long terme, le startup studio souhaiterait en fonder de l’ordre de six chaque année, parmi lesquels on est en dénombre trois qui seraient créés en interne de RedPill et trois qui seraient créés en partenariat avec des grandes entreprises industrielles.
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