Au cours de notre dernier échange, Laurent Papiernik a montré que la digitalisation des gares françaises permet d’optimiser les flux de voyageurs. Il est vrai que les gares accueillent plusieurs centaines millions d’usagers par an. La perspective des Jeux Olympiques de 2024 amène à optimiser l’expérience voyageur en s’inspirant de ce qu’un acteur comme Amazon propose sur son site de e-commerce : il s’agit de proposer une expérience personnalisée à chacun des centaines de millions de voyageurs. Pour faire cela, bâtir un Operating System de gare s’avère nécessaire.
Pour réaliser la Smart City, il faut on-boarder les acteurs de la ville dans une coopération semblable à l’open innovation
I/ Surmonter une gouvernance parcellaire
Construire une « Smart City » exige que chaque acteur qui la compose travaille de concert, à l’image de ce qui est d’emblée possible au sein des Cités-États comme Singapour et Monaco. Pour cela, l’usage massif d’API est possible sur l’ensemble du territoire. Chaque organe de la gare, chaque commerce, chaque panneau d’affichage devient accessible et « télécommandable ». Un système global d’observation, de décision et d’action est facilement déployable.
De manière plus générale, pour optimiser les flux dans des villes denses, il faut que tous les acteurs de la chaîne de la mobilité et de l’événementiel coopèrent. Or, dans les grands pays démocratiques, tous ces acteurs sont séparés : stades, métro, ville, palais des congrès…
La coopération reste un véritable enjeu : bâtir la Smart City demande de construire une gouvernance transverse.
Hélas, les villes et métropoles ne sont que partiellement compétentes pour gérer et confier à un acteur l’intégralité de cette succession d’espaces urbains. Plus que jamais, sur un paradigme d’open innovation, l’ensemble des acteurs doit contribuer à la construction de la Smart City.
II/ Un Operating System du bâtiment permet d’imaginer de multiples applications
A/ Créer une expérience de client en gare sur-mesure pour chacun voyageurs
Une fois les équipements de gare encapsulés dans des interfaces (API), il est possible de créer « Gare OS », l’Operating System de la gare, qui donne accès à toutes ses ressources, comme l’OS du smartphone contrôle l’écran, la mémoire, etc. Puis de développer des services qui chacun gèrent une offre particulière :
- Gestion des flux comme expliqués plus haut ;
- Maintenance prédictive des équipements (ventilation, escalator…) ;
- Livraison de repas à la porte du wagon, en exploitant les API vers les commerces (« market place »), vers les systèmes d’information voyageur (composition des trains, quai et heure de départ) et vers un système de logistique (charriot ou robot livreur)…
On peut aussi y connecter le smartphone du voyageur et lui permettre de trouver le commerce le plus proche et le plus disponible, ou alors l’emmener dans un jeu mixant Réalité Augmentée et environnement de la gare : à l’instar d’Ingress ou de Pokemon Go !, il pourrait parcourir la gare et trouver des alliés pour la conquérir ou la défendre, tout en restant connecté aux réels arrivées et départs de trains, comme le sien !
Ou encore lui proposer un parcours express vers son train ou une place dans un lieu d’attente rénové et confortable.
B/ La maintenance en temps réel
Au-delà des applications tournées vers le voyageur, il est utile de construire sur l’OS de la Gare des services permettant au bâtiment de remplir la mission pour laquelle il est destiné : transférer les voyageurs de la ville vers le train. Cela suppose des ascenseurs, luminaires, panneaux d’affichage ou escalators qui fonctionnent ; un espace propre et clair, etc.
Là aussi, il faut construire, à partir de Gare OS, les liens vers ces équipements, vers les systèmes prédictifs et présenter la situation de la gare pour proposer des actions comme une intervention de maintenance ou de nettoyage… ou l’intervention de Baryl, notre robot poubelle préfigurant un service autonome de nettoyage de la gare !
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