Comment organiser l’effort d’innovation pour qu’elle soit centrée sur l’humain plutôt que sur la technologie ? Comment vendre l’innovation à des clients qui consacrent une part significative de leur budget à la gestion des systèmes en place plutôt qu’à la transformation ? Voici quelques-unes des questions que Benjamin et moi avons explorées au cours d’une discussion récente.
I/ L’innovation doit être un vecteur d’efficacité
En citant Gartner, Benjamin m’a expliqué le budget affecté à la transformation au sein des entreprises reste minoritaire (13 %), contre 67 % pour la gestion des systèmes en place.
Pour séduire de nouveaux clients autour d’ambitieux projets de transformation, il est nécessaire de coconstruire une solution spécifique qui va optimiser le quotidien de ses clients. Pour illustrer cette conviction, Benjamin a cité plusieurs exemples, le premier desquels est Airbus.
II/ L’exemple d’Airbus laisse entrevoir comment l’Internet des objets va optimiser la chaîne de production.
Benjamin m’a informé que, il y a une quarantaine d’années, Airbus fabriquait une dizaine d’avions par an. Aujourd’hui, l’entreprise en fabrique 1000. Il va de soi que l’ensemble de la chaîne de production doit être repensée, de l’acquisition des ressources à la distribution en passant par la production. Ceci suppose qu’un inventaire des pièces à fabriquer et à maintenir soit réalisé de la façon la plus rigoureuse possible.
Fujitsu a proposé à Airbus d’ajouter une puce RFID sur chaque composant des ailes d’avion.
Doté d’une capacité de connectivité et de mémoire, on parvient à obtenir information portant à la fois de la date de création, de sa date de mise en service et des différents actes de maintenance qui ont pu être réalisés. Il n’est plus utile de disposer d’un inventaire centralisé devant être mis à jour constamment.
Le résultat pour Airbus, c’est 20 % d’économie.
Selon Bruno Sirletti, Vice-Président Marketing et Stratégie Europe et Moyen-Orient, le nombre d’objets connectés surpasse le nombre d’individus sur la planète. En outre, d’ici 2020, une étude de Morgan Stanley montre que le nombre d’objets connectés devrait franchir la barre de 50 milliards. D’où la conviction de Bruno Sirletti : il n’existe pratiquement plus d’activité humaine qui ne fasse pas appel, d’une manière ou d’une autre, à l’informatique. L’ensemble des objets de notre vie quotidienne est appelé à être augmenté de capacité informatique.
III/ La maintenance des bâtiments publics
Le deuxième exemple m’a été donné par le Vice-Président innovation et Internet des objets de Fujitsu, Ichiro Aoyagi. Il m’a informé que la plupart des grandes constructions de travaux publics, tels que les ponts, ont été réalisées dans les années 50 et dans les années 60, suivant le « miracle japonais ». Ces constructions aujourd’hui vieillissantes rendent la maintenance d’autant plus importante. Fujitsu a donc mis en place un système de drones augmenté d’une capacité de diagnostic afin d’évaluer la qualité du béton et du ciment.
À l’image d’un scanner, une image est ensuite créée, tandis qu’un système de colorimétrie met en évidence les zones devant être rénovées.
IV/ Modéliser le cœur humain
Les innovations portent également sur le corps humain. En partenariat avec l’université de Tokyo, Fujitsu développe des capacités de calcul et d’algorithmique afin de prédire le comportement du cœur humain, en particulier dans un contexte d’opérations chirurgicales. Le travail de prédiction s’avère singulièrement complexe lorsque l’on sait qu’aucun cœur humain ne ressemble à un autre. Autrement dit, il est impossible de recourir au même calcul algorithmique pour accepter plusieurs cœurs. Chaque cœur, avec ses 600 000 cellules, demande une simulation spécifique. Fujitsu a donc développé cette capacité de calcul qui permet de modéliser un cœur humain en l’espace de 11 heures. Ceci est une information de grande valeur pour les chirurgiens qui peut mieux évaluer les risques de l’opération
Le simulateur, dénommée UT-Heart, peut reconstruire la forme et les mouvements du cœur à l’aide d’un supercalculateur. Puis, une simulation préchirurgicale du cœur est réalisée, ce qui permet de réaliser une chirurgie virtuelle, au cours de laquelle un « pacemaker » est attaché au cœur, en suivant protocole d’une opération en conditions réelles.
Les chirurgiens ont pu donc se préparer à l’intervention réelle par le biais d’une chirurgie virtuelle. Ceci s’avère particulièrement utile pour tester différents scénarios d’installation du pacemaker et différentes intensités d’impulsions électriques.
En résumé : l’innovation doit être centrée sur l’humain
- Pour beaucoup, l’innovation est une affaire de technologie.
- Chez Fujitsu, la culture d’innovation est différente.
- Les exemples d’Airbus, du cœur humain modélisé, de la tablette haptique, des lunettes d’amélioration de vue et des drones de maintenance de bâtiments publics révèlent que l’innovation doit être centrée sur l’homme.
- Il n’est pas question de prouesses technologiques en tant que telles ; la technologie est mise au service de l’homme et des clients.
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Reste à savoir comment on fait pour centrer l’innovation sur l’humain ?!
La démarche Valeur(s) a démontré son efficacité depuis des dizaines d’années,
– “à quoi ça sert ?” pour aider à exprimer les vrais besoins
– “que suffit-il ?” pour vérifier pour quoi on dépense, et générer des inovations de rupture
– avec les parties prenantes : utilisateurs, prescripteurs, fournisseurs …
Elle est aujourd’hui déclinée à travers de nombreuses méthodes : lean et design-for-value sont par exemple utilisés par Airbus pour la conception optimale des avions et process de fabrication.
Les outils existent pour recentrer l’innovation (et toute l’entreprise) sur l”humain !
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