Les jeux sérieux permettent-ils d’introduire davantage de créativité dans nos entreprises qui sont encore, quoiqu’on en dise, très tayloriennes? Voici une question que j’ai pu traiter en présence de Michel Landry, Expert Conseil en Innovation à Montréal.
I/ Place a une autre forme de rationalité, celle de l’association d’idées et du cerveau droit
Sans trop vouloir approfondir sur des dominances de chaque hémisphères, disons que celui gauche est plutôt décrit comme le dominant, il est considéré comme notre côté rationnel et analytique, le calcul, le temps, le langage, le procédural, ça vous dit quelque chose ? Ce n’est qu’en 1981 que les recherches du Dr. Roger W. Sperry (Nobel 1981) portant sur l’asymétrie cérébrale, et celles du neuropsychologue Elkhonon Goldberg (prodiges du cerveau 2007), viennent démontrer l’importance de l’hémisphère droit dans nos vies, avec ses capacités à gérer l’espace, le global, le sens artistique, l’intuition ainsi que sa capacité à recevoir les nouveautés et toutes nouvelles informations.
Au delà des dominances de chaque hémisphères dans nos vies, la question intéressante ici est plutôt de se demander : au travail, quel est notre comportement ? Ou encore, à quel niveau l’entreprise pour laquelle nous travaillons ’modifie-t-il’ notre comportement ?
C’est là que les serious games entrent en action, ces logiciels nous permettent de libérer notre créativité sans toutes les contraintes de la structure conventionnelle de l’industrie. Le côté ludique nous fait basculer automatiquement (involontairement) vers notre côté créatif, mais cette fois pour des fins corporatives. De plus, vous avez la possibilité de prendre du recul et devenir spectateur de l’action ou de vos actions, vous permettant de voir ainsi l’aspect global de la scène, ce qui bien sûr est impossible dans la vraie vie.
II/ Les jeux sérieux se différencient des jeux vidéos et des applications utilitaires
Le Dr. Domitile Lourdeaux dont les recherches portent sur la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle et la connaissance, fait un graphique intéressant permettant de positionner les jeux sérieux dans notre univers.
III/ Introduire davantage de créativité dans les entreprises peut passer par les jeux sérieux
La créativité manque cruellement dans nos entreprises, malgré le nombre d’effort déployé à vouloir innover ainsi que le grand nombre de sessions de créativité et de brainstorming mis de l’avant, la structure organisationnelle de l’industrie ne s’y prête simplement pas. Nous recréons ces rencontres dans nos bureaux, planifiées de 9 :00-10 :00hrs avec un rapport à la fin. En fait, ce n’est que le titre du meeting qui soit changé.
Les serious games nous projettent dans un monde virtuel, nous sommes en mesure de prendre des décisions, de faire des choix, ceci sans ressentir le poids de l’entreprise sur notre dos. Une façon d’être que nous n’aurions jamais envisagé à notre meeting de 9hrs, alors le fil conducteur se trouve de ce fait brisé, nous ne connaîtrons jamais la suite et ses possibilités.
Le fait de poursuivre ainsi dans nos choix, nous permet ‘d’explorer’ la suite des évènements potentiels, cette exploration nous amènera à mettre au défi nos paradigmes … voilà, le but est atteint ! Ainsi, de mettre nos paradigmes au défi, de décider autrement dans un cadre référence différent, c’est là la définition de la créativité à l’état pure !
Les serious games ne donnent pas de réponse aux décisions corporatives (bien que…), mais ils servent à modifier les savoir-être et les savoir-faire, indispensable dans un contexte en changement rapide.
Ces logiciels ont un avenir certain en industrie, le marché est totalement ouvert présentement, de la petite à la grande entreprise, il y a et il y aura de plus en plus de services disponibles, il n’en tient qu’à l’audace des dirigeants de les utiliser et les mettre à profit.
Et vous, le feriez-vous ?
N’oubliez pas que … «La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent» – Albert Einstein
“Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don.” – Albert Einstein
Soyez visionnaire, innovez avec stratégie.
IV/ Les jeux sérieux, c’est du sérieux : ils permettent à chacun d’apprendre à être dans le jeu plutôt que dans l’enjeu
On dit souvent qu’une condition de la créativité consiste à “être dans le jeu plutôt que dans l’enjeu“. En dehors de nos activités professionnelles, nous connaissons souvent quelqu’un qui se passionne pour l’improvisation théâtrale ou une autre activité artistique. Je suis étonné de voir à quel point, lorsqu’une séance est terminé, l’état d’esprit a évolué. Car, pendant 3h, le temps d’une séance, c’est surtout le cerveau “droit” qui a été activé, c’est-à-dire:
- celui de l’association d’idées plutôt que du raisonnement hypothético-déductif
- celui qui cherche à jouer plutôt qu’à produire
- celui qui explore le présent riche de potentialités plutôt que de chercher sans cesse à l’évaluer
Et je me rends compte que si cet état d’esprit pouvait être prolongé et si d’autres y parvenait également, une entreprise bien différente serait formée. Celle-ci serait sans doute plus joviale, moins grave, moins rigoureuse dans l’application de certaines procédures administratives aussi c’est vrai, mais incontestablement plus réactive, plus à l’écoute de ses parties prenantes (employés, fournisseurs, clients) et plus créative. De ce point de vue, les jeux sérieux ont pour vertu de poser une nouvelle fois la question de la place et du rôle de la créativité dans une univers industriel encore très largement dominée par la pensée Taylorienne et le rationalisme de Descartes.
Vous me direz que ceci vous fait une belle jambe. Car au fond quelle est, à proprement parler, la valeur business de ce genre de considérations? Quel est l’intérêt pour le bilan de l’entreprise d’explorer la créativité, la réactivité et l’écoute de ses parties prenantes?
A vrai dire, il me paraît important de faire l’expérience d’une forme de rationalité moins linéaire et plus itérative. De fait, nous avons l’habitude de concevoir des plans que nous mettons ensuite en oeuvre. Autrement dit, la conception précède la réalisation. Ainsi, nous rédigeons des propositions commerciales dans lesquelles figurent des plans de mise en oeuvre des projets. Seulement, il faut reconnaître que les choses ne se déroulent effectivement jamais comme nous l’avions prévu. La réalisation n’est pas conforme à la conception. De fait:
- La vente d’un projet à un tel ou tel client n’a pas eu lieu comme nous l’avions anticipé
- la mise en oeuvre du projet avec tel ou tel client diffère de ce que nous avions anticipé
Notre réflexe, c’est de remettre en cause ce que nous avons conçu à l’origine. Et nous disons que nous avions mal évalué la charge de travail. Mais, il y a une autre réalité. Il s’agit des circonstances que nous n’avions pas anticipé et que nous ne n’aurions pas pu anticiper de toutes façons à moins d’être doué d’un talent de prescience. Alors, comment faut-il composer avec le caractère imprévisible des circonstances?
Et c’est ici l’avantage de la créativité et de cette pensée itérative et moins linéaire. Elle nous permet de nous libérer de cette habitude que nous avons de nous projeter dans l’avenir d’une façon linéaire. Voilà qui est avantageux pour les clients de l’entreprise. Or, ce qui est avantageux pour les clients de l’entreprise l’est aussi pour son bilan !
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires sur ce sujet.
Lectures et liens recommandés :
- Pour un point de vue intéressant sur l’homme créatif, veuillez-vous référer ici.
- Pour une présentation de ce qui peut bloquer la créativité dans notre quotidien, veuillez-vous référer ici.
- Pour une présentation d’un jeu sérieux chez Radio France, veuillez-vous référer ici.
- Pour une actualité régulière sur les jeux sérieux, veuillez-vous référer à ce blog anglophone ici, un blog francophone ici.
- Pour un blog francophone consacré à la recherche sur les blogs sérieux, veuillez-vous référer, ici.
- Pour une autre définition du jeu sérieux et pour une comparaison avec la “gamification”, veuillez-vous reporter ici.
- Enfin, pour un article portant sur le pilotage de la performance par le biais des jeux sérieux, veuillez-vous référer ici.
Bonjour, je travaille chez Bnp Paribas et suis respnsable du business game Ace Manager qui a touche 19000 etudiants a travers le monde (136 pays), cette annee nous avons decide d ouvrir le jeu a tous ceux qui veulent ameliorer leurs connaissances en finance, marketing, et en management et bien sur parfaire leur anglais professionbel puisque le jeu est entirement en anglais’. Nous souhaitons donner la chance a tous quelque soit leur niveau, leur milieu, pour que chacun et chacune puisse mieux comprendre ce que nous faisons, et ceci se realise au travers de nos cas extremement ludiques et interactif. Je vous invite a vous rendre sur acemanager.bnpparibas.com et jeter un coup d oeil. Tres cordialement. Deborah Lasry chef de projet pour ACe Manager
Chère Madame,
Je vous remercie pour votre message. Je serais très heureux d’en apprendre davantage sur le jeu sérieux dont vous avez la charge. Je vous propose de me contacter pour en discuter davantage.
Cordialement,
Guillaume Villon de Benveniste
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