Il y a quelques semaines, j’ai participé à la conférence « Réussir l’innovation en France » organisée par l’association des anciens centraliens et par le MEDEF. Parmi les intervenants, il y avait Louis Gallois, qui a présenté sa stratégie pour réussir l’innovation en France.
L’industrie française, selon Louis Gallois, est « dans le piège de la compétition par les prix ». N’ayant pas su ou pu monter en gamme et se différencier par les caractéristiques spécifiques du produit, l’industrie française se trouve trop souvent confrontée sur le marché mondial à des produits émanant de pays ayant des structures de coûts très différentes de la France.
Pour continuer à vendre, l’industrie française est amenée à baisser ses prix, ce qui veut dire baisser ses marges. Les industries françaises ont vu leurs marges baisser de 30 à 20% en une décennie. Cela a un impact sur la capacité d’autofinancement qui est passée de 88% à 60%. Cela se traduit par un investissement insuffisant, que ce soit en termes d’investissement d’innovation ou en termes d’investissement dans la productivité. C’est ce cercle qu’il faut rompre. Ces éléments sont d’ailleurs mentionnés dans le rapport de Louis Gallois. Mais, ce qui paraît décisif à Louis Gallois, c’est la montée en gamme. L’élément clé de la montée en gamme, c’est l’innovation. Cela peut se décliner en trois parties : qualité, service, et différentiation.
Quels sont les atouts et les faiblesses de la France en matière d’innovation ?
La France dispose d’un appareil de recherche publique puissant. Même si l’effort de recherche se situe à un niveau insuffisant, surtout par rapport à l’objectif des 3% des PIB. La France est à 2,1% alors que les allemands sont à 2,6%. Il n’en reste pas moins que la France dispose d’un appareil de recherche publique qui reste un des 4 ou 5 meilleur au monde. Ceci est un atout qu’il va falloir valoriser, notamment en l’articulant mieux à l’industrie.
Le deuxième élément c’est que la France a de très bonnes écoles d’ingénieurs. Néanmoins, les ingénieurs français sont davantage tournés vers l’innovation technologique que vers l’innovation incrémentale.
Par ailleurs, le système de valorisation de la recherche est en progrès mais il est encore dispersé, et inégale, et en tous cas, trop lent. Il y a, de plus, une vraie difficulté à faire travailler ensemble les acteurs : la recherche et l’industrie, l’appareil de formation et les entreprises, les entreprises et leurs fournisseurs.
Enfin, la France a un système de financement qui est globalement insuffisamment orienté vers l’appareil productif et qui, en particulier, en matière d’innovation, assure mal la progression de l’innovation jusqu’à la mise sur le marché. A cela s’ajoute le problème de l’effondrement du capital investissement, qui a été divisé par deux depuis 2008.
Cette description rapide ne doit pas conduire à sous-estimer ce qui a déjà été fait : la création des pôles de compétitivités, la création des instituts Carnot, le crédit d’impôt recherche (5 milliards d’euros chaque année). Et enfin, le programme des investissements d’avenir dont Louis Gallois est responsable. Il s’agit d’une avancée significative. Les investissements d’avenir, c’est 35 milliards. Sur ces 35 milliards, 15 ne sont pas consommables parce qu’ils sont attribués à des regroupements d’université comme fond de fondation. Il y a ensuite 20 milliards consommables, dont une partie significative est déjà « fortement fléchée ».
Ces progrès récents sont importants mais on ne peut pas s’arrêter là, parce que la concurrence s’intensifie. En effet, les pays émergents deviennent des pays innovants. Ils ne sont plus du tout dans la seule stratégie d’imitation. Ils deviennent des pays leaders dans un certain nombre de secteurs et ils peuvent aller beaucoup plus vite que la France, puisqu’ils n’ont pas la lourdeur administrative qui est celle de la France. Il va falloir: rassembler, accélérer, simplifier, financer.
Voici donc quelques notes que j’ai prises pendant la conférence de Louis Gallois. La semaine prochaine, j’ajouterai quelques éléments supplémentaires et je ferai quelques commentaires sur les propos de Louis Gallois.
Et vous ? Quelle doit être, selon vous, la stratégie d’innovation de la France ?
Lectures complémentaires :
- Le rapport « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française », Louis Gallois, Commissaire Général à l’investissement
- Résumé de la journée, réalisée par l’association des centraliens
- Pour un résumé de l’intervention de Louis Gallois, cliquer ici
© Guillaume Villon de Benveniste – @GVillondeBen
[…] cet effet, Louis Gallois dit souvent que, en France, on a un goût marqué pour la prouesse […]
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[…] entreprises, confrontées à la concurrence des économies émergentes, doivent, d’après Louis Gallois, monter en gamme pour préserver leurs marges. La montée en gamme demande à innover, à […]
[…] from 30% to 21% in the last 10 years. At the same time, emerging markets are now, according to Louis Gallois, “emerged” markets, home to many of the world’s most cost-competitive companies. […]
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