Comment passer d’une idée originale à la création d’une start-up ? Quelles sont les étapes qui permettent de faire évoluer un concept vers un projet opérationnel, mettant en œuvre un modèle économique et développant un produit qui séduit les clients ? Voici quelques-unes des questions que Franck Debane, auteur de passer en mode start-up aux éditions Eyrolles, et moi, avons évoqué au cours d’une discussion récente.
Je ne vais pas dévoiler le contenu du livre ni dans cet article ni dans l’interview de Franck. Le mieux pour connaître le contenu d’un livre n’est-il pas tout simplement de le lire ? Mais, avec Franck, nous avons discuté de trois grands sujets : son parcours, la raison d’être de ce livre, et le cas particulier d’un de mes amis qui réfléchit à monter sa propre start-up.
I/ La présentation de Franck
Diplômé d’une école d’ingénieur, Franck a démarré dans le développement de logiciels. Il s’est installé aux États-Unis où il a fait du développement informatique pendant plusieurs années. Et puis, de la technologie en tant que telle, il a évolué vers le produit. Et plus récemment, du produit, il est passé à la start-up. Quelle différence entre technologie, produits et start-up ?
La technologie désigne une capacité à faire, mais sans donner une quelconque finalité au développement technique. Le produit, lui, encapsule la technologie afin de répondre à un usage. Autrement dit, le produit c’est la technologie plus la compréhension des clients, des usages, et du marché. Et la start-up, c’est un produit, mais avec aussi tout un modèle économique fait de coûts et de profit lesquels doivent esquisser un projet rentable à moyen ou long terme sans évoquer évidemment tous les enjeux autour de la levée de fonds.
II/ Le pourquoi du livre
Chacun le sait, on trouve une kyrielle de livres d’innovation. Moi-même, j’en ai écrit deux. Franck m’a dit que son livre se distingue de beaucoup d’autres livres pour au moins deux raisons :
- D’une part, là où certains livres se spécialisent sur certaines parties du processus entrepreneuriales comme la conception de produit, l’analyse du besoin du client, la scalabilité de l’appareil de production, le recrutement, ou la levée de fonds, Franck, traite de l’ensemble du processus d’entrepreneuriale d’une manière holistique et surtout en expliquant comment et pourquoi on peut passer d’une étape à l’autre et avec quels outils.
- D’autre part, beaucoup de livres d’innovation s’appuient sur des exemples américains. Ici, Franck s’est appuyé exclusivement sur des histoires d’entrepreneurs français. C’est donc un livre d’innovation « made in France », en quelque sorte.
III/ Le cas de mon ami
J’ai un ami qui a mis au point une technologie extrêmement prometteuse. On pourrait dire qu’elle a quelque chose de commun avec l’électricité, les nouvelles technologies de l’information (comme on appelait Internet dans les années 90), ou l’Internet des objets. Mais, mon ami se trouve bloqué dans son évolution entrepreneuriale parce qu’il ne sait pas quel cas d’usage choisir et quel marché cibler en priorité. Alors j’ai demandé à Franck de m’expliquer comment aider mon ami. Il m’a répondu que d’abord, il s’agit de recenser l’ensemble des cas d’usage possible. C’est d’ailleurs explicitement écrit au début de son livre, dans le premier chapitre. Ensuite, il s’agit de garder en tête plusieurs éléments :
- D’une part, analyser le marché propre à chaque cas d’usage s’annonce déterminant. Franck recommande de rencontrer de potentiels clients pour attester de l’importance, et de l’urgence du problème qui est le leur. Et ensuite, on peut chercher à évaluer la taille du marché. J’ai trouvé cette démarche intéressante de commencer d’abord avec des individus particuliers plutôt que se lancer, comme le font souvent les analystes financiers, dans des quantifications de marché.
- Deuxième chose à garder en tête : l’appétence de l’entrepreneur pour les clients qu’il va chercher à séduire avec son nouveau produit. En effet, aimer ses clients s’annonce déterminante à la réussite à long terme. Dans le cas contraire, celui-ci s’engagerait dans une voie qui, ne suscitant qu’un enthousiasme modéré, le conduirait assurément à la démotivation où est l’échec.
- Enfin, dernier élément : évaluer la faisabilité technologique du produit. Car, dans le cas particulier dans mon ami, il y a effectivement une multitude de cas d’usages, mais chaque cas d’usage exigerait de décliner la technologie d’une manière particulière. Peut-être que certaines déclinaisons de cette même technologie est-elle plus facile à réaliser dans certains cas et plus difficile dans d’autres…
C’est donc l’ensemble de ces trois critères — la compréhension du client, l’appétence de l’entrepreneur pour ses clients, et la faisabilité technologique — qui pourrait aider mon ami à hiérarchiser les cas d’usage ou il pourrait déployer sa technologie prometteuse.
Voilà donc pour ma discussion avec Franck. Évidemment, je vous recommande son livre !
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