Qu’est-ce qu’un Business Angel ?
Un Business Angel est un homme ou une femme souvent âgé de 50 à 70 ans et qui a acquis beaucoup d’expérience. Il a mis un peu d’argent de côté et il se passionne pour l’entrepreneuriat. Il est prêt à mettre des tickets de 10 000 € et plus. Il est doté de plusieurs qualités parmi lesquelles : la bienveillance, l’exigence et la capacité à vivre les hauts et les bas d’une aventure entrepreneuriale. On trouve deux sortes de Business Angels : les particuliers qui ont amassé une fortune personnelle suffisamment importante leur permettant de signer de multiples tickets d’investissement de 50 000 € et les autres qui, ne disposant pas de tels moyens financiers, se regroupent en réseau.
Comment devient-on Business Angel ?
En particulier, quel est le parcours de Business Angel de Didier Boullery ?
En vérité, Didier souhaitait fonder sa propre entreprise il y a une vingtaine d’années. Mais son épouse ne souhaitait voir leur couple partir dans une telle aventure. Donc, longtemps après, il est devenu fondateur par procuration et c’est ainsi qu’il s’est lancé dans l’activité de Business Angel.
En même temps, il avait commencé à placer son argent en bourse. Il a parfois perdu une partie de ses investissements. Et puis il a également investi dans ce qu’on appelle les FCPI (Fonds commun de placement dans l’innovation). Mais, voilà un système qui enrichit largement les gestionnaires sans que les détenteurs de capitaux ne puissent en profiter dans une même proportion. En outre, le détenteur du capital se trouve très éloigné de la décision d’investissement. Il ignore où ses capitaux sont placés ; ce n’est pas du tout satisfaisant. En fait, il cherchait la liberté et la responsabilité.
C’est pour toutes ces raisons-là qu’il a rejoint ESSEC Business Angel en 2011, à sa création. L’association a ensuite noué un partenariat avec Paris Business Angel avec laquelle elle travaille de manière collaborative depuis une douzaine d’années.
L’intérêt d’un réseau de Business Angels est que, quel que soit le dossier à étudier, on trouve toujours un membre de l’association qui dispose de la connaissance du secteur. À titre d’exemple, une des startups demande des fonds pour envoyer des satellites clandestins russes. Voilà un sujet qui n’est connu que d’un nombre très réduit de personnes et pourtant, figurez-vous que dans le réseau ESSEC Business Angels, on trouvait un membre qui détenait l’expertise industrielle nécessaire. Une telle connaissance permet aux membres du réseau de Business Angels de minimiser le risque d’investissement. De manière plus générale, Didier estime qu’il a appris davantage en 10 ans de Business Angel qu’en 40 ans chez IBM.
Qu’est-ce qu’il voit dans l’écosystème ?
De manière générale, Didier remarque qu’il y a bien davantage de projets de startup que de capitaux. En outre, les valorisations des startups entre 2015 et 2020 étaient très élevées, sans doute trop. Enfin, lorsque Didier Boullery compare les dossiers étudiés en 2011 par opposition à ce qu’il analyse aujourd’hui, il constate que la maturité globale des startups a beaucoup progressé.
- En 2011, sur 10 dossiers, il en trouve un qui était vraiment bien.
- En 2022, sur 10 dossiers, neuf sont désormais très intéressants.
Autrement dit, dans le dossier de présentation, la concurrence est bien étudiée, le problème de marché est bien traité, la solution paraît pertinente, de même que la stratégie de levée.
Pour autant, beaucoup de startups se reposent sur des effets de mode. Celles-ci éprouvent des difficultés à lever des capitaux, à l’inverse de celles qui font réellement preuve d’innovation ou de disruption..
Tout n’est ni facile ni parfait ; Didier a vu passer de très belles startups et n’a pas osé investir. C’est le cas par exemple de Back Market, d’Ynsect et de Lydia.
Comment aider les entrepreneurs ?
Selon Didier, la qualité des dossiers est pour deux-tiers fondé sur la qualité de l’équipe. Celle-ci sera performante si on discerne une bonne entente entre les cofondateurs, des compétences complémentaires et de qualité, ainsi qu’une motivation et une ténacité réelle/réelle motivation et une ténacité à toute épreuve.
Enfin, le projet compte pour un tiers. Celui-ci dépend de la qualité du modèle économique. Le business plan repose sur une hypothèse de volume qu’il faut absolument challenger. Avec l’expérience, Didier a compris que pour estimer au mieux le chiffre d’affaires d’une startup prometteuse, il convient de diviser le chiffre d’affaires déclaré par deux et de multiplier par trois le temps d’exécution.
- Une autre manière d’évoquer ce qui caractérise la qualité d’un projet revient à dire ceci : une super équipe avec un projet moyen, c’est un projet d’investissement prometteur,
- En revanche, une équipe moyenne avec un projet super, relève d’une opportunité d’investissement beaucoup moins intéressante.
Autre chose : Didier n’investit pas sur du papier. Autrement dit, il attend de voir la réalité du chiffre d’affaires et la présence du cash-flow. Ensuite, il observe la courbe d’évolution du CA. Si la courbe/forme est exponentielle, alors évidemment, il investit.
Mais il arrive aussi que Didier prenne le pari d’investir dans une entreprise sans aucun CA, comme cette startup qui avait déposé des brevets pour remplacer des hélices par une nageoire bio-inspirée qui permettrait une économie d’énergie de l’ordre de 30 %.
La participation du Business Angel au Board
Didier m’a informé qu’on peut participer au Board d’une startup quand on rejoint l’association ESSEC Business Angels. À ce moment-là, on est au board de la startup et on représente l’ensemble des investisseurs de son réseau.
De manière plus générale, quelqu’un qui souhaiterait intégrer le Board d’une startup devrait d’abord se constituer un « deal flow » de startup. Il existe beaucoup d’endroits, beaucoup d’incubateurs dans la région parisienne. Par exemple,
- Dans le 20e arrondissement, il y a un incubateur qui est dédié aux Smart Food,
- À La Défense, l’incubateur Swave est dédié aux Fintechs et à l’assurance,
- Didier, de son côté, offre des sessions de mentorat gratuit pour les startups de l’incubateur Paris&Co. Il rencontre quatre startups par mois et leur consacre une heure, en toute franchise,
- Enfin, Essec Ventures est un autre endroit où on peut aider des startups.
Les cessions
Didier m’indique qu’il y a évidemment différents scénarios de cession de ses parts.
- Le premier est le moins flatteur c’est celui de la liquidation. Mais, l’investisseur ne perd pas tout son capital puisqu’il peut déduire une partie de ses pertes de ses impôts.
- Une autre situation qui peut advenir et qui ne plaît à personne c’est lorsque la startup ne se développe pas vraiment. Son avenir consiste à rester au stade de la startup. Dans ce cas-là, les capitaux sont bloqués au sein de la startup, l’investisseur est scotché ; il n’y a qu’à attendre.
- D’expérience, Didier parvient quand même à réaliser des gains qui correspondent à trois ou quatre fois son investissement au bout de trois ou quatre Il s’agit le plus souvent du rachat par une autre entreprise.
À l’heure actuelle, il a investi dans une startup au moment où elle valait 2 millions d’euros et celle-ci travaille sur une levée de 140 millions. Voici donc une perspective de rendement extrêmement intéressante.
Voilà qui résume ma discussion avec Didier Boullery et qui évoque, le point de vue du Business Angel sur les startups.
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