Comment faire en sorte que le consommateur soit prêt à payer Premium Prix pour une énergie différenciée ? Quelles pourraient être les modèles économiques de l’énergie du futur ? Voici quelques-unes des questions que Christophe Reinert, Directeur de l’Open Innovation d’EDF et moi-même avons évoqué au cours d’une discussion récente.
Présentation de Christophe Reinert
Directeur de l’Open Innovation chez EDF, Christophe a exercé de multiples responsabilités à la fois dans le développement de réseaux intelligent, dans le développement des ventes et dans le trading de l’énergie.
Valoriser l’énergie : l’analogie avec l’eau
Au tout début de notre échange, j’ai évoqué la question de l’eau. Un certain nombre d’entreprises de grandes consommations sont parvenues à obtenir du consommateur qu’il paye un Premium Prix pour une eau d’une qualité supérieure. Pour cela, les entreprises de grande distribution ont massivement investi en matière de marketing et de storytelling.
Des nombreuses campagnes de publicitaires ont conduit le consommateur à penser que l’eau, selon la source dont elle provient, possède une qualité et une composition particulière. Par exemple, l’eau d’Evian, issue des Alpes disposerait de minéraux qui la rendrait supérieure à l’eau indifférenciée et gratuite comme de l’eau potable. Dans ces conditions, le consommateur s’est montré prêt à payer un Premium Prix pour se procurer de l’eau de qualité.
L’analogie avec l’eau ne fonctionne pas pour deux raisons
Christophe et moi nous sommes demandés dans quelle mesure on pouvait s’inspirer de l’exemple de l’eau minérale pour différencier l’énergie et en particulier le mégawatt. On peut imaginer, par exemple, que le consommateur se montre prêt à payer un Premium Prix selon l’origine de production du mégawatt. À notre époque où les convictions écologiques semblent de plus en plus répandues, on peut peut-être supposer que le consommateur se montre près à payer davantage 1 MV produit par une éolienne que celui issu d’une usine à charbon. Telle est d’ailleurs l’offre de PowerPeers.
Mais, Christophe m’a expliqué que le réseau électrique homogénéise les MW tant et si bien qu’il devient impossible de tracer l’origine de production de ces derniers. Autrement dit, le mégawatt produit par des énergies renouvelables distribuées par le réseau électrique se trouve confondu avec l’ensemble des mégawatts produits par l’ensemble des moyens de production d’énergie tels que l’électronucléaire, l’éolien, solaire, charbon. Donc donner une différenciation du mégawatt sur la base son origine de production paraît impossible. Peut-être serait-il possible de certifier l’origine de production de chaque mégawatt produit si des investissements massifs notamment en systèmes d’information du réseau électrique étaient réalisés ?
Par ailleurs, l’analogie entre l’eau et le mégawatt ne fonctionne pas non plus en raison de ce qui constitue la qualité. Car, pour beaucoup, la qualité de l’eau est fonction de son origine et de ces modalités de production. À l’inverse, la qualité du mégawatt procède davantage des conditions de distribution de celle-ci : l’énergie doit être constante, disponible à tous moments de la journée et de l’année, affichant une tension ni trop basse, ni trop élevée.
Par conséquent, parvenir à convaincre le consommateur de payer un premium prix selon l’origine de production du mégawatt, ne peut que fonctionner, supposerait en premier lieu de répondre à deux conditions :
- la traçabilité de chaque mégawatt produit dans chaque moyen de production partout sur le territoire,
- une qualité élevée en termes de disponibilité, de fréquences, de tensions.
Voici donc les contours de notre premier échange. Au cours d’une autre discussion Christophe et moi avons parlé de la création d’une plateforme d’énergie.
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