Au moment où l’essor de l’Internet des objets se confirme chaque jour davantage et alors que plus de 50 milliards d’objets devaient être connectés à Internet à l’horizon 2020, de nombreuses industries s’emparent de cette vague et s’interrogent sur la manière d’en tirer parti. Comment l’exploiter pour optimiser la qualité de ses produits ? Comment l’utiliser pour simplifier plus encore la vie de ses clients ? Comment réussir l’internet des objets ? Parallèlement, quelles erreurs faudra-t-il éviter pour saisir des nouvelles opportunités de développement, dans un marché estimé à 500 milliards de dollars ? Voici quelques-unes des questions que j’ai abordées au cours de ma discussion avec Philippe Savary et Martin Régis, co-fondateurs de Wildnode.
I/ L’internet des objets : de l’optimisation industrielle…
Philippe Savary et Régis Martin font remarquer qu’il est, d’ores et déjà, possible d’anticiper les pièges que recèle l’Internet des objets. Une des premières applications industrielles consiste à exploiter l’Internet des objets pour faciliter la maintenance des produits. Ainsi, un constructeur d’électroménager pourra être tenté d’équiper ses différents produits des capteurs pour s’assurer de leur bon fonctionnement. L’industriel équipera ses réfrigérateurs de capteurs de température ainsi que d’autres mesurant la pression du fluide caloporteur.
Ces capteurs fourniront des données permettant l’analyse du fonctionnement du produit. Les données recueillies détecteront les faiblesses avant que le réfrigérateur ne s’arrête totalement de fonctionner, apportant ainsi une meilleure qualité de service par une maintenance préventive efficace. En outre, ces capteurs lui permettront de savoir quelles sont les conditions d’utilisation les plus propices aux dysfonctionnements et les composants les plus sensibles aux pannes. Est-ce pour autant un avantage compétitif significatif ? Est-ce vraiment tirer parti du plein potentiel de l’Internet des objets ?
II/… à une nouvelle expérience utilisateur pour simplifier la vie
Non, l’industriel ne devra pas s’arrêter à ces premiers usages.
En effet, la motivation d’achat du consommateur pour ses nouvelles générations de produits connectés ne sera pas la simple présence de capteurs détectant les fluctuations de température ou de pression du gaz même à des fins de maintenance préventive. En vérité, il s’agit là de paramètres qui ne lui sont pas familiers et dont il ne comprend pas la signification. Ce que veut le consommateur, c’est un réfrigérateur qui fonctionne. Lorsque le réfrigérateur ne marche plus, il veut que son réfrigérateur se remette à marcher très vite, le plus rapidement possible. Il veut aussi que les modalités de réparation de son réfrigérateur soient simples. Idéalement, il faudrait appuyer sur un bouton pour que le réfrigérateur se remette à marcher plutôt que d’avoir recours à un technicien du constructeur qui pourrait s’avérer chronophage. Si, l’auto dépannage n’est pas possible, un bouton d’appel connecté pour une prise de rendez-vous instantanée et une réparation in situ efficace (la cause de la panne et les pièces défectueuses ayant été détectées par les capteurs) — seront des vraies promesses que le consommateur sera prêt à payer.
III/ réussir l’internet des objets et la cuisine : quand la Tech rencontre la convivialité
Au-delà de la maintenance et de la surveillance qui peuvent être considérée comme des innovations « passives ou de crise », comment l’Internet des objets peut-il en pratique simplifier la vie quotidienne des utilisateurs ? Régis Martin, Philippe Savary et moi-même avons imaginé un certain nombre de scénarios d’usage autour de la cuisine connectée. Pourquoi la cuisine ? Tout simplement parce que c’est un lieu où l’on trouve de nombreux objets dont nombre d’entre eux ont vocation à être connectés, où l’on fait des choses complexes, qui prennent du temps et auxquels on accorde encore beaucoup d’importance : les bons petits plats !
Pour fixer les idées, prenons un classique rôti accompagné de haricots verts que le consommateur souhaite préparer pour le repas du soir, c’est parti pour un voyage dans la cuisine du futur.
Cuisiner un tel plat nécessite a minima un four et un auto-cuiseur. Le caractère programmable de ces deux équipements permet depuis plus de trente ans de préparer la cuisson à l’avance. Le matin avant de partir travailler, le consommateur peut ainsi placer son rôti dans le four et garnir l’autocuiseur des légumes programmant le démarrage de la cuisson pour l’heure supposée du repas. Ces derniers démarrent automatiquement de telle sorte que la fin de la cuisson du rôti coïncide avec celle des haricots. Jusqu’à là rien de très nouveau. Mais, supposons qu’une réunion qui n’en finit pas ou que des difficultés routières retardent d’une heure ou plus le retour à son domicile de notre consommateur et son plat sera froid. Si son four et l’autocuiseur sont connectés, il pourra au moyen d’une application retarder d’autant le début de la cuisson où mettre les deux appareils dans un état de veille qui gardera au chaud le rôti et les légumes jusqu’à son arrivée.
L’application intelligente modulera même automatiquement la cuisson des aliments, à partir d’informations de géolocalisation et d’informations de trafic, afin que la cuisson se synchronise avec l’heure d’arrivée effective de notre cuisinier digital. L’instruction qu’il donnera ne sera plus de démarrer la cuisson du rôti à 19 h 15 et les haricots 10 minutes après, mais tout simplement « termine la cuisson de ce plat pour mon retour à la maison »..
La communication entre objets connectés et les diverses applications qui mettent en œuvre cette intelligence se fait au moyen de connecteurs logiciels universels dénommés APIs (Application Prgramming Interface) et des mixes de services ou « mashups » qu’elles permettent.
Pour Régis Martin et Philippe Savary, ce scénario illustre le but principal de la connexion des objets : faciliter l’usage et l’adapter à nos nouveaux modes de vie. Cette approche considère le point de vue du client bien plus que celui de l’industriel. Au-delà de la simple maintenance de l’appareil électroménager, on porte l’essentiel de son attention sur ce que l’utilisateur pourra faire et surtout cherchera à faire avec ses objets. Il s’agit là d’un thème que j’ai abordé de façon approfondie dans le chapitre 5 de mon livre, Les secrets des entrepreneurs de la Silicon Valley.
IV/ La socialisation est clé pour réussir l’internet des objets
Mais, Régis Martin et Philippe Savary imaginent d’autres scénarios, aux valeurs d’usage plus avancées. Cette fois-ci, les capteurs du réfrigérateur permettent d’établir la liste des aliments qui y sont présents. D’autres capteurs, situés à différents endroits (placards, cave, etc.), établissent l’inventaire d‘autres produits également disponibles. À partir de cette liste de produits y intégrant leur date de péremption, une application intelligente propose différents menus réalisables à partir de ces ingrédients.
Mieux encore, soucieux de partager ce qu’il prépare, notre cuisinier souhaite inviter des amis, il transmet alors son invitation via un réseau social. Au gré des réponses favorables (l’application intelligente de sa cuisine est reliée au réseau social via son API), son application va intégrer les quantités d’ingrédients nécessaires pour la réalisation de sa recette et l’avertir si certaines sont insuffisantes. Notre consommateur peut donc inviter ses amis à partager un repas concocter par ses objets connectés tout en gérant au mieux son approvisionnement.
Ces scénarios aujourd’hui déjà réalisables démontrent s’il en était besoin que l’Internet des objets permettra non seulement de simplifier le quotidien, mais intégrera une dimension sociale très forte en participant activement à l’échange d’informations sur les réseaux sociaux.
Ces quelques exemples autour de la cuisine ne représentent qu’une toute petite partie du formidable potentiel d’usage et de création de valeur que nous réserve l’Internet des objets dans un marché qui rappelons-le, est évalué à ce jour à plus de 500 milliards de dollars. Voici comment réussir l’internet des objets.
[…] Au moment où l’essor de l’Internet des objets se confirme chaque jour davantage et alors que plus de 50 milliards d’objets devaient être connectés à Internet à l’horizon 2020, de nombreuses industries s’emparent de cette vague et s’interrogent sur la manière d’en tirer parti. Comment l’exploiter pour optimiser la qualité de ses produits ? Comment l’utiliser pour simplifier plus encore la vie de ses clients ? Comment réussir l’internet des objets ? […]
Bravo pour ce nouveau plaidoyer pour les scénarios d’usage, qui permettent de sortir des solutions pour remonter au besoin ds utilisateurs, et innover !
La question qui reste est de déterminer les vrais besoins … Qui en effet a besoin d’un “réfrigérateur qui fonctionne” ? Le vrai besoin est plutôt de préserver de la t° extérieure la fraicheur des aliments périssables, pour assurer leur conservation, non ?
D’autant que différents produits requièrent des conditions différentes de t°, et aussi d’humidité (défaut récurrent des frigos), et qu’une partie du réfrigérateur sert aussi aux produits congelés.
Et que d’autres besoins sont couverts par le réfrigérateur : mettre certains produits à t° de consommation (boissons) ou de conservation (congélation), préserver certains aliments des odeurs des autres …
Ceci paraît saugrenu, mais ouvre à d’autres innovations pour la conception d’un réfrigérateur connecté : gérer des zones de t° différentes selon le produit, et variables dans le temps pour démarrer la préparation d’un repas (décongélation)… ?
Mais assurons-nous que ces innovations -même différentiantes- sont vraiment utiles ! Combien de possesseurs de fours programmables ont jamais utilisé la programmation ? Faut-il leur vendre ? Ces décisions de Marketing peuvent être orientées par la stratégie de l’entreprise : si elle veut être “responsable” aux yeux de ses clients, elle visera la limitation de consommation énergatique et de déchets, plutôt qu’une apparente sophistication coûteuse à l’achat et la réparation (ou l’osolescence programmée …)
Et que l’ensemble des éléments nécessaires pour rendre le service seront disponibles : si certains aliments ne sont pas répertoriables (RFID ou autre connexion spécifique) , l’état sanitaire de l’ensemble est mis en péril ! Quid des aliments préparés remis au frigo, etc.
Attention aux sirènes dans les scénarios d’usage !!! Utilisons les méthodes Valeur(s) qui ont fait leur preuve pour la conception optimale de produits et services et de processus.
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