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L’homme de mille ans est-il déjà né ?


De quelle façon est-ce que les avancées en matière de performance des microprocesseurs et les progrès de la nanotechnologie permettent il d’allonger la vie humaine ? Est-il envisageable qu’un jour, du fait de ces progrès, certains hommes puissent atteindre l’âge de mille ans ?

Voici une question que j’ai explorée avec Uwe Diegel, PDG de l’entreprise de santé iHealth.

I – Tout d’abord, la longévité humaine progresse

Uwe Diegel - Président de iHealth
Uwe Diegel – Président de iHealth

En effet, en 1900, l’espérance de vie est de l’ordre de 50 ans. En 1918, du fait de la peste et de la Première Guerre mondiale, l’espérance de vie chute à 38 ans. Ensuite, l’espérance de vie progresse de façon relativement constante. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de l’ordre de 78 ans. Chaque année, du fait des progrès de la médecine, mais aussi du fait d’une meilleure alimentation, nous gagnons de l’ordre de trois mois par an. Par conséquent, en poursuivant cette évolution de l’espérance de vie, on peut d’ores et déjà affirmer qu’un enfant qui nait aujourd’hui a une chance sur trois de devenir centenaire et 1,6 % de chances d’atteindre l’âge de 150 ans. Ainsi, on le voit, les progrès récents ouvrent déjà vers un allongement de l’espérance de vie qui est notable.

II – Mais, l’espérance de vie pourrait être l’objet d’un progrès de nature exponentielle

La nanotechnologie devient une réalité
La nanotechnologie devient une réalité

En effet, on trouve un certain nombre d’initiatives qui ont eu au moins le mérite de captiver l’imaginaire. Google affirme par exemple financer un programme dont l’objet est de défier la mort. Ray Kurzweil, fondateur de l’université de la Singularité, travaille quotidiennement sur des programmes dont l’objet est d’augmenter l’espérance de vie de façon considérable. De fait, d’après Uwe, les progrès combinés de la nanotechnologie, de la génétique et de l’informatique, créent une situation inédite.

Selon Uwe, il est sans doute excessif d’affirmer que l’homme de mille ans serait déjà né, pour deux raisons :

  • D’une part, si effectivement on assiste à des progrès exponentiels, il reste difficile d’anticiper à quel moment dans le futur nous assisterons véritablement à un bond en avant. Selon Uwe, à la fin des années 2020 nous devrions assister à un allongement notable de l’espérance de vie.
  • D’autre part, pour lui, le concept de l’homme millénaire relève davantage du marketing que d’un travail de prospective scientifique rigoureux. Pourtant, ce concept marketing a le mérite de poser une question nouvelle. Car un gain significatif de l’espérance de vie pose des problèmes tout à fait nouveaux, à la fois en matière de santé et en matière socio-économique. En matière de santé le problème posé est principalement lié, selon Uwe, aux maladies du cerveau. Car, s’il semble possible d’optimiser, de guérir et de prévenir toute pathologie affectant le corps, il paraît plus difficile de prévenir des maladies telles qu’Alzheimer, dont le nombre devrait être multiplié du fait de l’allongement de l’espérance de vie.

III – Le futur, dès à présent

Cela étant, ces grands débats prospectifs ne doivent pas jeter le voile sur les avancées scientifiques en matière de miniaturisation dont les bénéfices sont en train d’émerger à l’heure actuelle. Ainsi, Uwe m’a montré ce à quoi pourrait ressembler le thermomètre du futur. Il s’agit d’un thermomètre (photo ci-dessous) qui n’est pas plus grand qu’une gélule et en tout cas beaucoup plus petit qu’une pastille d’aspirine. En avalant cette gélule, le thermomètre intégré envoie par une connexion Bluetooth la température du patient en intervalles de 10 minutes. Il s’agit sans doute d’un des premiers appareils connectés que nous pourrons ingérer et qui sera connecté à Internet. Dans le futur, selon Uwe, un nombre encore plus important d’appareils de diagnostic seront ingérés dans le corps humain. À titre d’exemple, il m’a parlé de l’évolution des tensiomètres dont il est l’un des fabricants les plus avant-gardistes. Il envisage que, dans un futur proche, un tensiomètre pourra être ingéré dans le corps humain et pourra envoyer le relevé de la tension à fréquence déterminée.

De façon plus générale, après une généralisation de l’ingestion d’appareils de diagnostics médicaux, nous devrions assister, selon Uwe, à une ingestion d’appareils qui établiront non seulement un diagnostic de santé, mais plus encore, réaliseront des opérations préventives directement dans le corps humain.

Ainsi, s’il paraît prématuré d’affirmer que l’homme de mille ans serait déjà né, il semble qu’un faisceau d’évolutions technologiques devrait allonger l’espérance de la vie humaine de façon considérable.

Le thermomètre à ingérer n'est pas plus grand qu'une pillule
Le thermomètre à ingérer n’est pas plus grand qu’une pilule

IV – Les progrès de l’observance

Au cours d’une récente interview, Merv, ancien patron de la stratégie de Merck et aujourd’hui investisseur dans des start-ups de la santé, m’a informé que selon lui, les avancées informatiques n’allaient avoir qu’un impact mineur sur l’évolution de la santé des patients d’ici 2020. Cette conviction est également celle de Uwe. Mais, il pense néanmoins que d’ici 2020, un ensemble de briques technologiques devrait se combiner d’une meilleure façon. Par exemple, il estime que le lancement de la porte de la recherche d’Apple, récemment annoncé par Tim Cook, devrait créer un nouveau flux de données de santé. Ce qui devrait fournir aux laboratoires pharmaceutiques des données précieuses sur l’efficacité thérapeutique de leurs molécules. De la même façon, le thermomètre connecté ingéré dans le corps humain ainsi que la miniaturisation des appareils de diagnostic devraient également créer les conditions pour optimiser l’observance.

Car aujourd’hui, l’une des principales difficultés en matière de santé publique c’est que bon nombre de patients ne prennent pas les molécules qui leur sont prescrites. C’est pourquoi Uwe pense que ce problème devrait être en partie résolu grâce à ces nouveaux objets de santé connectés qui devraient se multiplier d’ici 2020.

Ainsi, si l’homme de mille ans n’est sans doute pas encore né, nous sommes bel et bien à l’aune d’un allongement exponentiel de l’espérance de vie. Telle est la conviction de Uwe.

Lectures complémentaires

  • Pour découvrir la pharmacie de demain faite de linéaires digitaux et de piluliers connectés, lire ce billet.
  • Pour une discussion autour de la transformation digitale agrémentée de retours d’expérience, se rendre à cette adresse.
  • Pour un autre point de vue sur la probabilité que l’homme de mille ans soit déjà né, cliquer ici.

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