Comment positionner l’entreprise sur les marchés à fort potentiel de croissance ? Comment accaparer une part significative des profits sur ces marchés ? Au moment où l’internet des objets devrait donner lieu à des marchés prometteurs, ces questions sont d’actualité. Au cours d’un échange avec Jean-Luc Beylat, nous avons pu évoquer comment saisir cette opportunité d’innovation. Il m’a d’emblée fait part de sa conviction. 500 milliards de dollars : tel est le potentiel de l’internet des objets.
I/ L’internet des objets est un marché d’avenir
Au cours d’une conférence du G9+, Pascal Cagni a évoqué le potentiel du marché de l’internet. Je me permets de reprendre des éléments du blog de Yann Gourvennec qui a rédigé plusieurs articles détaillés sur l’internet des objets. Sur le segment du « wearables », le marché serait valorisé à « 50 milliards de dollars en 2016-2017 selon Crédit Suisse ». Sur le segment de l’automobile, on toucherait des marchés de l’ordre de « 55 milliards de dollars dès cette année ». Enfin, dans le domaine de la santé, Yann citant Pascal Cagni évoque un marché qui pèse « 26 milliards de dollars en 2016 ».
Ces éléments sont confortés par une étude qui m’a été transmise par François Meunier, Managing Director, Technology Equity Research chez Morgan Stanley. On peut notamment y lire que le potentiel du marché est considérable, comme en atteste la multiplication des terminaux connectés :
Jean-Luc et moi avons ensuite d’autres façons de valoriser le marché de l’internet des objets.
II/ La valorisation du marché de l’internet des objets
D’après Jean-Luc, il faut d’abord se poser la question de savoir si les smartphones sont comptabilisés ou non comme objets connectés. Aujourd’hui, il y a entre 4 et 5 milliards de personnes qui sont connectées à internet. On peut très facilement imaginer qu’il y a une dizaine d’objets qui soient connectés à une personne. D’où, d’ici 2020, une cinquantaine de milliards d’objets connectés. Si pour un objet connecté, un service donné rapporte d’un à quelques euros, on arrive très vite à 300 ou 500 milliards. Mais on peut également imaginer des applications professionnelles où la valorisation du capteur et donc de l’information qu’il apporte peut être encore supérieure. C’est très spéculatif. Mais ce qu’il est important de comprendre, c’est qu’il y aura une multiplication immense des objets, de toutes natures. Dès que l’on apporte une résolution technique à un problème (comptage d’ouverture de portes par exemple), on apporte un potentiel de nouveaux services.
III/ 3 façons de capturer de la valeur
Jean Luc Beylat va travailler pour accroître la valeur de l’infrastructure numérique, au niveau des usages, au regard de l’internet des objets. À partir de là on peut apercevoir les gens qui créent les services autour d’une infrastructure donnée (santé, ville, transport). On trouve également les personnes qui vont développer les objets, ou des sous-systèmes d’objets qui vont interagir avec des opérateurs. On trouve donc trois positionnements :
- On peut créer de la valeur en apportant une plus-value au réseau, valorisé par le fait qu’il est connectable à l’internet des objets.
- On peut créer de la valeur en établissant la plateforme, qui est au cœur de la création de valeur. On peut par exemple imaginer une plateforme très forte autour de la ville qui englobe à la fois les transports et la santé. Une situation de monopole selon le modèle de Google reste cependant peu envisageable. On distingue deux types de plateformes.
- Une plateforme d’usage comme peut l’être le système d’exploitation de l’iPhone.
- Une plateforme de service qui permettra de connecter un service par rapport à une autre, en mettant par exemple une information de transport en dynamique avec une information publique (trafic). Grâce à l’explosion du Big Data permis par l’internet des objets, ces plateformes de service vont devoir se spécialiser dans l’analyse des données afin de se démarquer.
- On peut également créer de la valeur en étant innovant sur la création d’objets.
IV/ La préemption du marché par des acteurs américains ne devrait pas se reproduire
En effet, Jean-Luc ne croit pas qu’un scénario américain où les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) parviennent à prendre la quasi-totalité de la valeur soit probable. Pour comprendre, il faut saisir les éléments suivants :
- Les GAFA ont établi des plateformes mondiales autour desquelles elles se sont organisées. Elles ont par la suite été enrichies d’externalités positives, c’est-à-dire la production d’un bénéfice sans contrepartie monétaire.
- Ils ont cherché de l’argent très vite pour croitre à cette taille là
- Ils ont innové tout autour de leur modèle, en l’optimisant
- Dernier point important, qui les différencie des Européens : ils se projettent très vite sur le marché mondial.
Là où le paradigme pourrait changer avec l’internet des objets, c’est que le cœur de cible des GAFA, c’est le consommateur, notamment via le business de l’entertainment. Or, lorsque l’on se trouve dans l’internet des objets avec des thématiques et des services de santé, de ville, etc, les acheteurs peuvent être des collectivités locales qui varient énormément dans leurs besoins (de pays à pays, de ville à ville), ce qui modifie la dynamique d’achat. Ce qui laisse entrevoir plus de diversité dans l’apport de solutions, la concurrence jouera donc un rôle plus important. On peut donc imaginer une Europe plus concurrentielle sur ce secteur-là.
En résumé, l’internet des objets est un marché prometteur. Pour capturer la valeur, 3 stratégies paraissent possibles :
- Apporter une plus-value au réseau télécom
- Créer une plateforme
- Concevoir un objet connecté
Lectures complémentaires
- Pour une discussion avec Daniel Delorge sur les effets de l’internet des objets sur les business-modèles des produits, lire ce billet.
- Pour une discussion avec Guillaume Sarkozy sur les opportunités d’innovation dans l’e-santé, et notamment dans le domaine de l’internet des objets, se rendre ici.
- Pour découvrir le SIdO, le salon professionnel consacré à l’internet des objets, se diriger sur cette page.
- Pour se rendre compte de la façon dont l’internet des objets s’immisce déjà dans notre vie de tous les jours, et notamment dans les transports, lire cet article.
[…] Ces éléments sont confortés par une étude qui m’a été transmise par François Meunier, Managing Director, Technology Equity Research chez Morgan …read more […]
[…] Comment positionner l’entreprise sur les marchés à fort potentiel de croissance ? Comment accaparer une part significative des profits sur ces marchés ? Au moment où l’internet des objets devrait donner lieu à des marchés prometteurs, ces questions sont d’actualité. Au cours d’un échange avec Jean-Luc Beylat, nous avons pu évoquer comment saisir cette opportunité d’innovation. […]
[…] connectés surpasse le nombre d’individus sur la planète. En outre, d’ici 2020, une étude de Morgan Stanley montre que le nombre d’objets connectés devrait franchir la barre de 50 milliards. D’où la […]
[…] éviter pour saisir des nouvelles opportunités de développement, dans un marché estimé à 500 milliards de dollars ? Voici quelques-unes des questions que j’ai abordées au cours de ma discussion avec Philippe […]