Comment partager la valeur entre les différentes parties prenantes au sein du secteur des télécoms ? Comment partager la valeur entre les acteurs historiques des télécoms et les acteurs qui exploitent les réseaux télécoms pour créer du contenu ? Comment partager la valeur entre les acteurs des infrastructures des télécoms et les acteurs OTT (« over the top ») ? Voici quelques-unes des questions que j’ai évoquées au cours d’une discussion avec Stéphane Allaire, vice-président des services et des contenus de Bouygues Télécom.
I/ Présentation de Stéphane Allaire
Stéphane Allaire se passionne pour l’innovation depuis 25 ans. Il a la charge de définir la stratégie des nouveaux produits, contenus et services pour Bouygues Telecom pour les technologies sans fil et haut débit. Stéphane dirige une équipe de 60 personnes qui sont chargés de penser et créer les nouveaux services, ainsi que de s’occuper des fournisseurs de contenus et des partenariats afin d’offrir la meilleure expérience possible aux clients de Bouygues Telecom. Stéphane s’occupe également de la croissance des revenus mobiles (paiement, publicité, nouveaux marchés…)
Stéphane est également membre du Conseil Winnovation et président du Conseil Stratégique de Bouygues Telecom Initiatives.
II/ L’augmentation de la consommation
La consommation des contenus augmente de façon continue depuis plusieurs années. Là où, par le passé, le consommateur utilisait son ordinateur aujourd’hui, le consommateur se tourne volontiers vers son téléphone mobile pour accéder à Internet. Selon une étude de Mobiforge, 30% de l’accès à l’internet dans le monde se fait via mobile. Dans les années qui viennent, la connectivité à Internet va devenir encore plus proche. Ainsi, l’essor de l’Internet des objets, l’essor des habits connectés, devrait encore accentuer l’intimité de la connexion entre l’individu et Internet. En outre, la miniaturisation des objets connectés devrait donner lieu à des objets connectés qui vont aller directement dans le corps humain. Ray Kurzweil, CTO de Google, évoque un moment où des nanorobots connectés à Internet pourraient réaliser des diagnostics de nos signes vitaux.
En particulier, Ray Kurzweil considère que d’ici 2030, la miniaturisation des technologies informatiques (mémoires, processeurs) va ouvrir la voie à des « nano-robots » qui permettront de guérir une lésion à l’intérieur même du corps humain et même de remplacer notre corps biologique, un nano-robot se substituant à une molécule à la fois :
« Interconnecter des nanorobots permettra un jour d’augmenter et finalement replacer le squelette via un processus graduel et non-invasif. La version 2.0 du squelette humain sera très robuste, stable, et se réparera automatiquement ».
Ray Kurzweil, The Singularity is Near, chapter 6
Dans ces conditions, la qualité du réseau télécom doit devenir encore meilleure qu’elle ne l’est aujourd’hui, et doit permettre de transmettre encore davantage de données qu’elle ne le permet aujourd’hui. Ceci justifie des investissements dans les réseaux télécoms, dans la fibre optique, et dans la 5G. Mais ce qui est frappant, c’est que sur les 15 dernières années, il semble que ce soient les acteurs de l’Internet, tels que Google, Facebook, Twitter, LinkedIn qui ont capté la valeur. J’ai donc demandé à Stéphane comment les opérateurs télécoms pouvaient accaparer davantage de valeur. Il m’a répondu qu’il faut distinguer la valeur actionnariale du chiffre d’affaires réalisé. Ainsi, Facebook est une entreprise qui est très bien valorisée (plus de 180 milliards de dollars fin 2014). Mais, le chiffre d’affaires (8 milliards de dollars en 2013) paraît beaucoup moins important que la valorisation de l’entreprise. Les opérateurs télécoms sont sans doute sous valorisés notamment lorsque le chiffre d’affaires généré est pris en compte.
III/ La consommation non linéaire
Un des autres grands enjeux des télécoms, c’est l’explosion de la consommation non linéaire. La consommation linéaire veut simplement dire que le consommateur suit une émission de télévision telle que celle-ci est programmée. Les informations sont à 20 heures. Il faut être devant son poste de télévision à 20 heures pour pouvoir les regarder. La consommation non linéaire ne suppose pas de regarder les émissions au moment même où celles-ci sont diffusées. Il s’agit par exemple de tout ce qui est replay ou catch-up. On assiste à une explosion de la consommation non linéaire sur l’ensemble des supports numériques tels que la télévision, la tablette, le smartphone. Ce mouvement devrait s’amplifier encore davantage.
Lectures complémentaires
- Pour un aperçu de la Miami Box, l’un des enjeux d’innovation de Bouygues Télécom, lire ce billet.
- Pour comprendre l’importance des réseaux télécoms dans la troisième révolution industrielle, se référer à cet article.
- Pour un décryptage du cerveau humain par Ray Kurzweil, se rendre à cette adresse.
- Pour un exposé sur les avantages de la consommation non linéaire, se rendre ici.
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