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La nouvelle box Miami de Bouygues Telecom répond à plusieurs enjeux concurrentiels, selon Pierre Schaller, Vice-Président innovation et alignement stratégique chez Bouygues Télécom


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Pierre Schaller – Vice-Président innovation et alignement stratégique chez Bouygues Télécom

En quoi la Bbox Miami qui va bientôt être commercialisée est-elle fondamentalement différente des précédentes ? Pourquoi est-elle également différente des autres box actuellement sur le marché ? En quoi cette Box est-elle révélatrice d’une modification profonde du processus d’innovation dans le secteur des télécoms ? Telles sont les questions que Pierre Schaller, VP de l’innovation et de l’alignement stratégique de Bouygues Telecom, et moi-même avons évoquées au cours d’une récente discussion.

I/ L’innovation peut-être tantôt fermée, tantôt ouverte : le cas d’IBM

Derrière cette affirmation simple, il y a de réelles implications pour le processus d’innovation. IBM, une des entreprises historique de l’informatique, s’est longtemps distinguée par sa capacité à innover en interne. Ainsi, dans les années 60 et 70, IBM était dotée d’une profusion de chercheurs et de scientifiques de très haut niveau. Les efforts portaient sur l’amélioration des performances informatiques, à une époque où les unités centrales étaient plus volumineuses que de grandes salles à manger.

Unité centrale IBM - 1964
Unité centrale IBM – 1964

Améliorer la performance informatique supposait, dans un premier temps, de trouver une architecture informatique cohérente pour créer les synergies entre l’ensemble des composants de l’ordinateur.

Mais, dans un second temps, une fois que l’architecture globale de l’informatique semblait établie, IBM s’est séparé des composants du système informatique qui lui semblaient les moins rentables. Au début des années 80, IBM s’est ainsi séparé du microprocesseur et du système opérateur, confiant le premier à Intel et le second à Microsoft. De nombreuses études ont montré qu’il s’agissait là d’une erreur. Ainsi, une étude du MIT révèle que Microsoft et Intel sont parvenus à accaparer 60% de la création de valeur sur le marché du PC, notamment au détriment des constructeurs, tels qu’IBM.

Pourtant, si IBM a fait l’erreur de se séparer de composants très lucratifs, il est néanmoins parvenu à faire de l’ordinateur personnel la forme produit de référence en matière d’informatique. C’est ainsi que les ordinateurs personnels sont devenus des plateformes : d’autres personnes, d’autres entreprises, extérieures à IBM, ont créé de nouveaux logiciels, de nouveaux services, fonctionnant sur l’ordinateur IBM. A chaque création de nouveaux logiciels, l’écosystème d’IBM s’en est trouvé renforcé. Autrement dit, IBM a réussi à s’enrichir des apports externes, lesquels sont venus révéler de nouvelles potentialités de la machine informatique développée par IBM. Au lieu de construire de bout en bout de l’ordinateur personnel avec des ressources internes, IBM est devenu un intégrateur de ressources externes. Telle est la signification de l’open innovation.

II/ La nouvelle box de Bouygues Télécom révèle l’importance de l’Open Innovation

C’est à peu près la même intention qui anime Bouygues Télécom avec sa nouvelle box. Ainsi, autrefois, les box étaient conçues comme des « coffres-forts clos », selon Pierre Schaller. L’enjeu principal, c’était de créer un système fermé, permettant de :

  • protéger la propriété intellectuelle que l’opérateur télécom avait intégrée dans sa box
  • créer des barrières avec d’autres acteurs (concurrents et partenaires) de l’industrie

Mais, aujourd’hui, Bouygues Télécom cherche à faire de sa box une plateforme d’innovation ouverte, afin de capter des innovations qui pourraient naître à l’extérieur de l’entreprise, à l’image de

  • ce que IBM a réalisé dans les années 80
  • ce que Microsoft a fait avec Windows dans les années 90, et
  • ce qu’Apple a fait avec l’iPhone et son App Store dans les années 2000

Voici donc un premier enjeu de Bouygues Télécom : créer une box qui soit une plateforme d’Open Innovation. Mais ce n’est pas le le seul.

A gauche, la nouvelle box, à droite l'ancienne.
A gauche, la nouvelle box, à droite l’ancienne.

III/ Réduire les coûts de fabrication

Sur le plan industriel, la pression concurrentielle dans les telecoms impose de baisser drastiquement les coûts de fabrication. Pour faire cela, ce qui est important, c’est de passer de technologies à faible diffusion que l’on trouve dans le domaine des décodeurs TV à des technologies que l’on trouve dans le domaine des tablettes. Par exemple, le processeur principal qui équipe la box Miami est un processeur de tablette. Passer de la grappe de technologies relevant de la tablette plutôt que du décodeur est un enjeu crucial. En effet, alors que les décodeurs sont produits en quelques millions d’unités, les tablettes sont faites en centaines de millions d’unités. Par conséquent, les économies d’échelle sont beaucoup plus importantes pour les technologies des tablettes. Embarquer des technologies de la tablette a permis à Bouygues de diminuer considérablement les coûts de fabrication de sa box. Enfin, l’autre avantage tient au fait que les technologies de la tablette ont fait l’objet de davantage de miniaturisation.

Connectique des box Bouygues, à gauche la nouvelle, à droite l'ancienne.
Connectique des box Bouygues, à gauche la nouvelle, à droite l’ancienne.

IV/ Créer une box qui soit un trait d’union entre la télévision d’hier et la télévision de demain

Enfin en termes d’apport d’expérience, cette box est un trait d’union entre la télévision d’hier et la télévision de demain. En effet, Pierre a pensé aux clients qui se satisfont d’une expérience TV classique : la box se pilote avec une télécommande d’une simplicité frappante. En même temps, Pierre a souhaité développer une box qui ouvre sur les nouveaux usages de la TV (contenus à la demande, replay, contenus du Web, etc.) et qui prépare déjà « la télévision du Web ». Voici donc une très bonne façon de réaliser la synthèse entre ces deux expériences de la télévision.

En résumé, la nouvelle Bouygues Box répond à plusieurs enjeux, parmi lesquels :

  • La réduction des coûts de fabrication
  • La création d’une expérience de télévision qui soit un trait d’union entre la télévision du futur et la télévision d’hier
  • La création d’une plateforme d’Open Innovation

Au cours d’un prochain échange, Pierre et moi allons évoquer comment réaliser concrètement une Bbox qui soit une plateforme d’Open Innovation.

Lectures complémentaires

  • Pour le compte-rendu de la table ronde sur les enjeux de l’Open Innovation co-organisée par 7Circles et Revolution 9, lire ce billet.
  • Pour une discussion autour des tactiques d’innovation de Bouygues Telecom, basées sur l’analyse comportementale des clients, voir cet article.
  • Pour une description plus technique de la nouvelle BBox Miami, se diriger ici.
  • Pour un aperçu des progrès en cours dans le domaine de la miniaturisation, notamment des données, consulter cette page.

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