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Transformation énergétique : quels impacts?


Lorsque l’on pense au secteur de l’énergie, on a l’image d’un secteur très établi, fondé sur une infrastructure dense, complexe et maillant tout le territoire national. Ce qui vient à l’esprit avant tout c’est la stabilité de ce système, sa pérennité, sa solidité. Pourtant, le secteur de l’énergie traverse de profondes transformations du fait des évolutions technologiques, de conception de produits novateurs et de l’éclosion de nouveaux enjeux planétaires.

 

I/ Les évolutions technologiques

Les évolutions technologiques, notamment dans les énergies renouvelables, aboutissent à une réduction des prix. En effet, le coût de l’énergie solaire ne cesse de diminuer du fait de l’amélioration des composants et d’un gain d’efficacité énergétique, lequel est compris entre 0,5 et 0,8 % par an.

Solar Energy Costs
Solar Energy Costs

 

 

 

De tels chiffres amèneraient à préférer investir dans les technologiques renouvelables plutôt que nucléaires. Mais ce serait oublier que les énergies renouvelables restent onéreuses, en dépit des gains d’efficacités récents.

Energy costs comparisons
Energy costs comparisons

II/ Énergie renouvelable ou énergie nucléaire ?

Colette Lewiner
Colette Lewiner

En effet, les énergies renouvelables, à la différence de l’énergie électronucléaire, ne donnent pas lieu à une production constante mais intermittente. Là où l’énergie nucléaire produit en moyenne à 85 % de sa capacité installée, l’énergie des énergies renouvelables ne produit que 18 % des capacités installées.

 

Autrement dit, là où un parc nucléaire installé de 100 MW garantit une production de 85 MW, un parc de 100 MW d’énergie renouvelable ne garantit qu’une production de 18 MW, selon le rapport European energy markets observatory (18ème édition) de Colette Lewiner.

Première conséquence : aujourd’hui, la France envisage de prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires d’une durée de 20 ans. Ce « grand carénage » requiert un budget de 55 milliards d’euros et assure une production énergétique de 440 TW, selon le rapport European energy markets observatory (18ème édition) de Colette Lewiner. À l’inverse, pour un budget de 61 milliards d’euros, l’énergie renouvelable assure, elle, une production de 45 MW, soit près 10 fois moins que la production nucléaire pour un budget supérieur de 10 %. Pour être compétitive, l’énergie renouvelable doit encore faire l’objet de progrès considérables.

Solar Power Output Differs Substantially from Customer's Power Demand Profile
Solar Power Output Differs Substantially from Customer’s Power Demand Profile

Deuxième conséquence : la gestion de la production des énergies renouvelables — imprévisibles comme elle est — demande une gestion du réseau électrique adapté, ce qui génère un surcoût de 30 %. Donc, pour avoir une vision exacte prix de l’énergie renouvelable, il faut non seulement prendre en compte le coût de l’installation des énergies renouvelables, mais également intégrer le surcoût de la gestion des énergies renouvelables au sein du réseau électrique.

 

III/ La disruption digitale pourrait se donner comme ambition de contourner l’infrastructure énergétique existante

Dans ce contexte énergétique déjà complexe vient se nicher la disruption digitale, laquelle s’accompagne, comme souvent :

  • d’une désintermédiation au profit du consommateur final,
  • d’une recomposition des chaînes de valeur,
  • d’une décentralisation des modes de production et des flux d’information,
  • d’une vision industrielle fondamentalement nouvelle.

À titre d’exemple, sur la côte ouest, à New York, TransActiveGrid, une startup s’appuyant sur la blockchain permet de vendre et d’acheter de l’électricité a ses voisins ayant eux-mêmes produit leur énergie et ceci sans passer par le réseau électrique établi. Ce système, bien que très prometteur, ne permet pas encore de s’affranchir totalement de l’infrastructure existante parce que les productions électriques locales — issues du solaire et de l’éolien — ne sont pas encore suffisamment importantes pour répondre à la demande des consommateurs citadins. Mais, par temps de vent ou par des journées ensoleillées, ce quartier parvient, avec son système novateur, non seulement à subvenir à une partie de ses besoins en énergie mais plus encore à mettre en place un marché de l’énergie unique au monde aujourd’hui.

IV/ Dépréciation des actifs des énergéticiens

Les actifs industriels des énergéticiens ont connu une dépréciation notable comme le montre le tableau ci-dessous, tiré de European energy markets observatory (18ème édition) :

Seven Largest Utilities' Asset Impairments in 2015
Seven Largest Utilities’ Asset Impairments in 2015

Ces dépréciations, issues de la perte de valeur des centrales conventionnelles, consacrent le changement de regard de la communauté financière sur les activités des énergéticiens. Ce qui relève hier de l’actif relève du passif aujourd’hui. Ces dépréciations d’actifs restent le signe de la fin d’une époque — la dernière décennie — au cours de laquelle les énergéticiens ont vu leurs revenus augmenter. Ce capital a servi à la réalisation de fusions-acquisitions pour maximiser des économies d’échelle… Et voici que les actifs sont dépréciés.

 

Voilà donc en quelques lignes le contexte tout à fait particulier dans lequel évoluent les énergéticiens nord-américain et européen. Comment peuvent-ils se transformer pour répondre aux défis de notre époque ?

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