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Enjeux d’innovation : une discussion avec Étienne Gaudin, Directeur de l’innovation au sein du Groupe Bouygues


Etienne Gaudin - Enjeux d'innovation
Etienne Gaudin - Enjeux d'innovation
Etienne Gaudin – Enjeux d’innovation

Quels sont les enjeux d’un directeur de l’innovation ? Comment parvient-il à diffuser une culture d’innovation au sein d’une entreprise dont la première préoccupation reste de faire fonctionner l’appareil de production existant ? Comment préparer l’entreprise à intégrer les ruptures technologiques qui devraient profondément modifier le partage de la valeur ainsi que les habitudes de travail ? Voici quelques-unes des questions que j’ai abordées avec Étienne Gaudin, directeur de l’innovation au sein du groupe Bouygues.

 

 

 

Enjeux d’innovation numéro 1 : animer un réseau d’innovateur dans les filiales

Tout d’abord, il s’agit de développer un réseau d’innovateur dans les filiales afin de :

  • Faciliter les démarches de ces acteurs de l’innovation
  • Créer une organisation encourageant l’innovation

 

Il faut chercher à encourager cette communauté par différents moyens :

  • Faire connaître leurs innovations auprès des équipes opérationnelles ou du top management
  • Séminaires sur des thèmes liés à l’innovation pour renforcer les liens entre innovateurs (sur des sujets tels que la robotique, l’énergie et les villes )
  • Mise en place d’outil pour faciliter l’innovation ouverte avec des startups, le monde académique ou d’autres grandes entreprises

 

D’un point de vue numérique, il s’agit de en particulier de développer des réseaux sociaux en interne.

 

Enjeux d’innovation numéro 2 : anticiper les ruptures technologiques qui peuvent advenir.

 

Il s’agit de s’assurer que les métiers puissent s’emparer des ruptures technologiques afin d’en faire un avantage concurrentiel. Si on regarde au niveau du groupe, on voit qu’il y a beaucoup d’enjeux transverses. Par exemple, avec le bâtiment à économie positive, celui-ci passe d’un centre de coût à un centre de profit.

 

Il y a également un enjeu important autour de l’internet des objets. Il s’agit d’accompagner Bouygues Télécom autour d’une nouvelle technologie : les réseaux basse consommation et longue portée ou LPWAN (Low Power Wide Area Network) en Anglais, dédiés à l’internet des objets. On évalue et on teste les différentes technologies disponibles  : Sigfox, LoRa. C’est LoRa qui a été retenue après un test sur Grenoble. Bouygues Télécom a lancé une filiale : Objenious.

 

Pour le Groupe Bouygues, il s’agit aussi de tirer parti des opportunités de business offertes par Objenious pour renforcer ou accentuer son avantage concurrentiel dans ses activités traditionnelles.

 

Un des sujets actuels consiste à réaliser un suivi de matériel, non seulement auprès de grands engins (le suivi est assuré avec le GSM) mais aussi auprès des objets plus petits d’une valeur d’une centaine d’euros. On met une puce LoRa, une batterie et on peut voir si l’objet est utilisé et on sait dire sur quels chantiers l’objet est situé. Résultat : ce sont des millions d’objets dont on peut suivre l’utilisation. Colas est intéressé pour suivre des dizaines voire des centaines de milliers d’équipements. Voici ce qu’on peut faire pour tirer parti du numérique.

 

Enjeux d’innovation numéro 3 : les villes durables

Les villes durables restent un autre enjeu majeur. Du point de vue du groupe, il y a une panoplie de solutions assez riche. Depuis des nombreuses années, un travail est mené pour mettre en place des offres afin de construire des quartiers durables. L’offre s’appelle « UrbanEra ». Elle est portée par Bouygues Immobilier et Bouygues Construction.

 

Il s’agit bien sûr de traiter les aspects bâtimentaires mais surtout traiter le quartier dans son intégralité. On est dans une logique de consortium. Il y a un certain nombre de succès sur ces offres, notamment à Marseille. Les questions à traiter sont les suivantes :

  • Comment arrive-t-on à avoir des solutions innovantes ?
  • Comment est-on capable de faciliter le montage collaboratif ?
  • Comment parvient-on à monter un consortium dans lequel on co-élabore des solutions pour chaque quartier ?

 

Les écosystèmes locaux, les startups ainsi que les associations sont examinés. À Marseille, Bouygues s’est associé à un Fab-Lab et un designer marseillais. Cet ancrage local reste un des éléments clés pour gagner les affaires. Un projet de construction de quartier peut durer de 5 à 10 ans. Il faut construire le consortium et savoir le faire vivre dès le départ. Le défi final est de faire de ces quartiers des lieux de vie pour leurs habitants.

 

Une ville durable reste une ville où on a envie d’habiter. Telle reste l’ambition structurante des projets de quartier de Bouygues. La place principale est donnée aux différents partenaires et acteurs locaux. Ceux ne sont pas des Bouygues City.

 

Dernier enjeu : E-Lab

En support à la partie technique, Étienne dirige l’E-lab qui est une équipe de « maker numérique » afin de passer de l’idée à l’application, de rendre les idées concrètes. Parmi les sujets analysés, on peut notamment citer le compagnon connecté :

  • En quoi les technologies numériques peuvent-elles optimiser la productivité des travailleurs sur le terrain tout en réduisant la pénibilité ?
  • Quel usage pour les wearables et les exosquelettes ?

 

Il s’agit d’accompagner les métiers opérationnels face à ses opportunités afin de les aider à comprendre et bénéficier de ces technologies.

 

 

Ainsi, la direction d’innovation au niveau du groupe Bouygues se focalise autour de 5 enjeux :

  • L’animation d’un réseau d’animateurs
  • L’anticipation de ruptures technologiques dont l’internet des objets
  • Les villes durables
  • Le E-Lab

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