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La réalité virtuelle et la réalité augmentée bouleverseront-elles notre quotidien?


Depuis quelques mois, je découvre avec intérêt un certain nombre de rapports financiers sur les enjeux de l’innovation pour le futur, rédigés par de grandes banques américaines, telles que Goldman Sachs et Morgan Stanley. Je ne veux pas chercher à résumer ici les propos ou les thèses que j’ai pu lire mais je souhaiterais, plutôt, évoquer ce que j’ai retenu des méthodes qu’ils utilisent pour valoriser les marchés du futur. Par exemple, quel est le potentiel de marché de la réalité virtuelle d’ici 2025 ? Goldman Sachs évoque un marché dont la valorisation est comprise entre $15 milliards et $110 milliards d’ici 2025. La première réaction consiste à dire que, en se permettant une fourchette d’évaluation aussi large (il y a un multiple de 8 entre le scénario pessimiste et le scénario optimiste), la banque d’investissement ne prend pas trop de risque. Mais, on ne peut, néanmoins, qu’apprécier le souhait de chiffrer la création de valeur des innovations du futur. Mais, comment arrive-t-il à ces valorisations ?

1/ De la difficulté d’anticipation de l’innovation

Ce qui rend ce genre de questions difficiles — c’est une difficulté caractéristique de tout projet d’innovation — c’est que le comportement de la technologie s’avère toujours plus erratique que l’on peut imaginer. De là, une difficulté à la fois à anticiper l’offre technologique du futur et, en même temps, une difficulté à imaginer les besoins que l’on pourra adresser avec la technologie de demain.

Bien évidemment, cette difficulté n’est pas nouvelle. Le Président d’IBM anticipait, en 1943, que le marché pour les ordinateurs serait peut être de 5 ordinateurs. Ken Olsen, le fondateur de DEC (Digital Equipment Corporation), déclarait en 1977 qu’il n’y avait « aucune raison pour que l’on puisse vouloir avoir un ordinateur chez soi ».

Visiblement, même les innovateurs se trompent.

J’ajoute que, non seulement les innovateurs paraissent incompétent lorsqu’il s’agit d’anticiper le marché du futur mais, c’est aussi le cas des marketeurs. En effet, depuis Philip Kotler, une des figures les plus importantes du marketing, on a l’habitude de calculer la taille d’un marché en multipliant le nombre de produits vendus par le prix du produit. Dans le cas de l’innovation, dans la mesure où il s’agit d’inventer des produits nouveaux, qui n’ont jamais existé auparavant, il est évident qu’une telle formule est totalement inopérante. En effet, comment calculer la taille d’un marché du futur sur la base d’un produit que l’on ne connaît pas qui se vend pour un prix que l’on ne connaît pas non plus ?

Dans ces conditions, le plus souvent, les investisseurs s’en remettent à une forme d’intuition. Les investisseurs les plus brillants disposent d’une capacité à identifier des talents « stellaires ». Sur la base de cette capacité à déceler le talent de l’entrepreneur, sur la base aussi de leur compréhension de la cohérence de l’équipe d’entrepreneurs qu’ils ont devant eux, il décide d’investir ou non dans le projet présenté.

L’exercice, chacun sans doute, demeure périlleux : une étude de Stanford montre que plus de 90 % des start-ups font faillite. En outre, pour une licorne, c’est-à-dire une start-up dont la valorisation financière est supérieure à 1 milliard de dollars, il y a 1 million de start-ups qui ont échoué. On voit bien que la difficulté d’anticipation reste majeure pour les innovateurs, les entrepreneurs, les investisseurs et les marketeurs.

2/ Le prochain paradigme technologique serait la réalité virtuelle et la réalité augmentée, selon la banque d’investissement Goldman Sachs

C’est dans cet état d’esprit là que je me suis tourné vers les rapports financiers très détaillés de Goldman Sachs et Morgan Stanley. Bien évidemment, on ne trouve pas de réponse définitive à la question de la valorisation des marchés du futur mais on trouve un certain nombre d’indices qui me semblent très intéressants.

Avant toute chose, on ne peut que saluer le nombre de rapports issus de ces banques d’investissement. On trouve des rapports sur l’Internet des objets, un autre sur la blockchain, un troisième sur l’agriculture de précision, un quatrième sur les drones, en cinquième sur la mobilité, un sixième sur l’énergie, un septième sur la biotechnologie, un huitième sur les matériaux avancés et les nanotechnologies, parmi d’autres.

Pourquoi ai-je souhaité réaliser une série d’articles sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée, en premier lieu ? Ce qui m’a le plus interpellé c’est la thèse centrale du rapport. La réalité virtuelle et la réalité augmentée auraient la capacité de devenir le prochain paradigme technologique dans le domaine de l’informatique. Après l’essor de l’ordinateur personnel, celui de l’ordinateur portable, celui du Smartphone devenu populaire avec l’iPhone, celui du cloud qui a permis à des entreprises comme Deezer et Spotify dans le domaine de la musique et Netflix dans le domaine de la vidéo de s’imposer mondialement comme des leaders dans leurs marchés respectifs, la réalité virtuelle et la réalité augmentée seraient en quelque sorte le paradigme technologique structurant les marchés du futur.

La transformation digitale a pour caractéristique que de remplacer des produits et services non digitaux par des produits et services offrant une expérience client supérieure, grâce aux technologies digitales.

A/ La réalité virtuelle et la réalité augmentée appliquée à la recherche d’information

Google qui vient se substituer aux Pages Jaunes pour la recherche d’information. A quoi ressemblerait alors un moteur de recherche enrichi de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée ? Peut-on imaginer, par exemple, des lentilles connectées où pourrait s’afficher les résultats de nos requêtes Google en surimpression.

 

 

B/ La réalité virtuelle et la réalité augmentée appliquée à la musique

  • L’iPod qui vient se substituer au lecteur de CD avant d’être « disrupté » par Deezer et Spotify. En prenant un peu de recul historique, on aboutirait au schéma ci-dessous qu’il m’arrive de présenter en conférence.
Virtual reality applied to music
Virtual reality applied to music

 

 

 

 

 

 

 

Peut-être que la prochaine étape de la transformation digitale serait de passer de produits basés sur des technologies du cloud à des produits équivalents enrichis de technologies telles que la réalité virtuelle et la réalité augmentée. On imagine ainsi le potentiel de disruption majeure pour l’économie. C’est pour cette raison là que j’ai souhaité évoquer ce rapport sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée en premier lieu.

Cette série d’articles s’appuie en particulier sur le récent rapport de Goldman Sachs, intitulé «Virtual and Augmented Reality: understanding the race for the next computing platform ». La suite, la semaine prochaine.

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