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Culture d’innovation comparée : Chine, Silicon Valley et France — 1/2


Jean-Marc Camelin

Qu’est-ce qu’une culture d’innovation ? Comment réaliser une culture d’innovation comparée ? Pourquoi la culture d’innovation demeure-t-elle indispensable pour réussir l’innovation ? Quels sont les traits caractéristiques de la culture d’innovation française ? En quoi la culture innovation de l’Hexagone diffère-t-elle de la culture d’innovation américaine ou de la culture d’innovation chinoise ? Voici quelques-unes des questions que Jean-Marc et moi avons évoquées au cours d’une discussion récente.

I/ Présentation de Jean-Marc Camelin

Jean-Marc Camelin

Jean-Marc Camelin, ingénieur TélécomParisTech diplômé en 1988, partage son temps entre le conseil et l’enseignement.

Il a créé son cabinet en 2007, « Cadre et Synthèse », après avoir travaillé 20 ans dans de grands cabinets internationaux. Il accompagne des comités de direction dans le déploiement de leur stratégie et dans l’émergence d’innovations dans les équipes.

Il est devenu en 2004 professeur de l’École Centrale de Paris et de l’École Centrale de Pékin. Il est responsable de séminaires à Paris et à Pékin sur les thèmes : leadership, innovation et entrepreneuriat, éthique et responsabilité de l’ingénieur, grandes mutations socio-économiques.

Il est passionné, dans les projets qu’il mène avec ses clients ou ses étudiants, par la façon dont le caractère innovant d’une idée va soudainement émerger au sein d’une équipe, la naissance même de l’idée innovante.

 

II/ Culture d’innovation comparée: analyse de la culture d’innovation chinoise

Drapeau chinoisNotre discussion a démarré sur les spécificités de la culture d’innovation en Chine. Jean-Marc Camelin m’a fait part des observations suivantes :

D’une part, en Chine, le groupe prime sur l’individu. Par conséquent, lorsque dans un groupe d’étudiants quelqu’un a une idée singulière, il est préférable, non pas de l’exprimer haut et fort, mais plutôt de la partager très discrètement avec son voisin, lequel la partage à son tour avec le sien. Ainsi, l’idée, communiquée d’un individu à un autre, s’en trouve finalement dissociée de son créateur. L’innovation n’est pas le fruit d’un innovateur. L’innovation doit être portée par un groupe pour se réaliser.

 

D’autre part, Jean-Marc a évoqué un autre trait caractéristique de la culture chinoise : la place du chef. En Occident, on valorise le talent politique de celui qui a su exploiter les circonstances à son avantage pour prendre le pouvoir. Des récits de la Révolution française, de la Révolution américaine et d’autres événements historiques marquants mettent toujours en avant le mérite singulier d’un héros. Mais, en Chine, c’est le groupe qui prime sur l’individu. Par conséquent, il n’y a pas les chefs. Il y a comme une sorte de consensus qui fait que d’une manière invisible aux yeux d’un observateur occidental un chef est choisi par le groupe. Une fois celui-ci investi de sa fonction par le groupe, il se trouve doté de fortes responsabilités. En effet, le chef :

  • décide de qui doit faire quoi
  • alloue les ressources du groupe pour mener à bien la production
  • représente le groupe auprès de tiers

 

Enfin, la dernière observation de Jean-Marc consiste à remarquer que, une fois qu’une idée d’innovation est portée par un groupe et, une fois qu’un chef est identifié, la mise en œuvre de l’idée est réalisée de façon très systématique, ce qui fait l’économie d’objections et de critiques qui peuvent retarder l’exécution des projets

III/ En résumé, trois éléments fondent la culture d’innovation chinoise :

  • la primauté du groupe sur l’individu
  • la place du chef
  • la rigueur de l’application

Voici donc ce qui constitue, pour Jean-Marc, les grandes lignes de la culture d’innovation chinoise. Au cours d’un prochain échange, Jean-Marc et moi avons comparé la culture d’innovation américaine à la culture d’innovation française.

RDV le 15 décembre sur The Innovation and Strategy Blog, à 9h.

 

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